Datant de la fin du 19ème et du début du 20e siècle, les photographies sur plaques de verre conservées sur le site de Meudon ont des origines et des sujets divers. Elles ont été produites par les photographes, astronomes et laboratoires de l’Observatoire de Paris, souvent au cours de missions d’observations. On y trouve ainsi beaucoup d’observations astronomiques faites à Paris, à Meudon, ou dans d’autres observatoires

Ces plaques de verre avaient été rassemblées à la fin des années 1980 par le "Groupe Patrimoine" de Meudon, constitué alors de plusieurs chercheurs de l’Observatoire sensibilisés à cette question. En 2013, elles ont été déménagées vers la salle de lecture de la bibliothèque, de manière à être traitées et conservées dans des meilleures conditions.

L’Observatoire s’attache aujourd’hui à retracer l’histoire de ces documents. Un pré-inventaire des photographies sur plaques de verre conservées sur le site de Meudon a ainsi été initié grâce à l’aide d’un stagiaire issu de la Licence professionnelle Métiers de la documentation audiovisuelle (INTD/CNAM).
Nous vous invitons dans cet article à découvrir quelques aspects de ce patrimoine. N’hésitez pas à nous faire part des éléments qui nous permettraient d’identifier plus précisément les photographies présentées ici, votre aide nous sera précieuse

En trois mois, 1200 documents, dont 645 plaques de verre, ont été traités (description, reconditionnement). On note une grande diversité des supports et des formats : plaques de verre positives au format 8.5 x 10 cm, destinées à la projection par lanterne magique ; grandes plaques négatives (18 x 24 cm) datant des alentours de 1900 ; plaques d’observation (couronnes solaires, spectres) de tous formats ; plaques de contrôles optiques, souvent au format 9 x 12 cm ; mais aussi des négatifs sur support souple plus récents (années 1950-1970), ainsi que des tirages papier.

Les informations liées à ces documents peuvent se présenter sous la forme de légendes inscrites ou gravées sur les plaques, d’étiquettes, d’indications portées sur les boites qui les contenaient. Elles sont contemporaines de la production des documents, ou leur sont postérieures. Certaines plaques ont été documentées par Audouin Dollfus et le groupe Patrimoine, dans les années 1970-2000. Toutes ces indications sont notées soigneusement lors du pré-inventaire. Cependant, certains documents nous sont parvenus avec peu ou pas d’informations.

En voici une sélection subjective. N’hésitez pas à nous communiquer toutes précisions et commentaires sur ces documents, elles seront utiles à leur connaissance. Vous pouvez envoyer un message à la bibliothèque.

Parmi les tirages papier, voici un cyanotype (tirage photographique réalisé sur une simple feuille papier avec un pigment de couleur bleue) (fig-1) non daté, non localisé. Des noms sont indiqués au verso du document (fig-2). Toute précision sera la bienvenue !

fig-1 : portrait de groupe, slnd. (recto)
(issu du lot 82 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-2 : portrait de groupe, slnd. (verso)
(issu du lot 82 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris

Autre portrait de groupe (fig-3), bien mieux documenté : la légende au verso (fig-4) nous apprend qu’elle a été prise lors d’une visite commémorative à l’Observatoire de Juvisy en mai 1942. On relève les noms d’Audouin Dollfus (troisième personne en partant de la gauche), de Quénisset et de Jean Dragesco

fig-3 : visite à l’observatoire de Juvisy, centenaire de la naissance de Camille Flammarion, 1942 (recto)
(issu du lot 82 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-4 : visite à l’observatoire de Juvisy, centenaire de la naissance de Camille Flammarion, 1942 (verso)
(issu du lot 82 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris

Une grande plaque de verre négative (format 18 x 24 cm) ne comportait aucune information. Seule une mention postérieure (sur le contenant) la relie à l’Observatoire du Mont Blanc, avec une date : 1903. Pouvez-vous nous aider à identifier ce personnage ? (fig-5, fig-6)

fig-5 : Mont-Blanc, 1903.
(issu du lot 71 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-6 : Mont-Blanc, 1903.
(issu du lot 71 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris

Dans le même format, voici une belle représentation (sans date) du grand télescope de 1m20 construit par Eichens pour l’Observatoire de Paris. L’instrument est en extérieur, devant son abri. On note la présence de deux opérateurs. La photographie ne donne pas l’impression d’avoir été « posée », ce qui ajoute à son charme (fig-7, fig-8).

fig-7 : Observatoire de Paris, grand télescope de 120 cm, sd.
(issu du lot 72 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-8 : Observatoire de Paris, grand télescope de 120 cm, sd.
(issu du lot 72 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris

Enfin, voici une série de photographies, presque un « reportage », sur les ballon-sondes utilisés par Aymar de la Baume Pluvinel pour l’étude du spectre solaire en 1898 et 1899. Cette série a été documentée par Audouin Dollfus, par des photocopies légendées, jointes aux plaques originales. Un premier ensemble (2 plaques négatives, format 6,5 x 6 cm), daté du 18 juillet 1898, concerne le lâcher d’un ballon à chambre de 40 m3 au jardin d’acclimatation de Paris, en présence de Jules Janssen, que l’on aperçoit sur l’une des deux plaques (fig-9, fig-10) ;

fig-9 : Paris, jardin d’acclimatation, 18 juillet 1898, Jules Janssen
(issu du lot 99 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-10 : Paris, jardin d’acclimatation, 18 juillet 1898, Jules Janssen
(issu du lot 99 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris

sur la seconde plaque, on distingue le cylindre contenant le spectrographe, sous le ballon (fig-11, fig-12).

fig-11 : Paris, jardin d’acclimatation, 18 juillet 1898, lâcher du ballon-sonde d’Aymar de la Baume Pluvinel
(issu du lot 99 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-12 : Paris, jardin d’acclimatation, 18 juillet 1898, lâcher du ballon-sonde d’Aymar de la Baume Pluvinel
(issu du lot 99 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris

Le second ensemble est composé de trois demi-plaques négatives (format 13 x 18 cm) montrant le lâcher d’un ballon-sonde à chambre de 113 m3, à Meudon, le 12 juillet 1899 (fig-13 à fig-18). Une plaque (fig-17, fig-18), brisée, a « subi » une réparation ancienne au ruban adhésif. Elle mériterait une restauration dans les règles de l’art.

fig-13 : Observatoire de Meudon, 12 juillet 1899, lâcher du ballon-sonde d’Aymar de la Baume Pluvinel.
(issu du lot 99 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-14 : Observatoire de Meudon, 12 juillet 1899, lâcher du ballon-sonde d’Aymar de la Baume Pluvinel.
(issu du lot 99 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-15 : Observatoire de Meudon, 12 juillet 1899, lâcher du ballon-sonde d’Aymar de la Baume Pluvinel.
(issu du lot 99 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-16 : Observatoire de Meudon, 12 juillet 1899, lâcher du ballon-sonde d’Aymar de la Baume Pluvinel.
(issu du lot 99 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-17 : Observatoire de Meudon, 12 juillet 1899, lâcher du ballon-sonde d’Aymar de la Baume Pluvinel.
(issu du lot 99 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris
fig-18 : Observatoire de Meudon, 12 juillet 1899, lâcher du ballon-sonde d’Aymar de la Baume Pluvinel.
(issu du lot 99 du pré-inventaire)
© Observatoire de Paris

De nombreux documents, parmi ceux que j’ai pu récoler, ont été produits dans le cadre des travaux d’Aymar de La Baume Pluvinel (1860-1938). Il y a plusieurs séries sur les missions d’observations d’éclipses de soleil au Japon : à Esashi en 1896 ; en Espagne : à Elche en 1900 et Alcala de Chisvert en 1905, des essais de photographies dans l’U.V. avec écrans phosphorescents au sulfure de zinc, ainsi que des spectres solaires réalisés à Meudon, Paris et Marcoussis en 1892-1893. On pourra consulter l’article nécrologique de son élève et assistant, Fernand Baldet, paru dans la revue L’Astronomie, vol. 52, 1938, pp. 493-507, pour trouver quelques détails en lien avec ces documents.

La poursuite du pré-inventaire des archives photographiques du site de Meudon permettra ainsi de mieux cerner le corpus des documents liés à cette importante figure de l’Observatoire de Paris. Et de « découvrir » d’autres fonds, tout aussi intéressants au regard de l’astronomie et de l’histoire des sciences.

Nicolas Rousseau

Modifié le 24 mai 2016