Cette œuvre picturale, signée Dom Lyon et datée de 1736, était en effet très encrassée et ne pouvait être exposée dans cet état. Le tableau présentait des lacunes de la couche picturale, des griffures ainsi que des déformations importantes de la toile. Il était enfin recouvert d’un épais vernis presque opaque, rendant le portrait terne et sans relief.
Au terme d’une intervention d’environ un mois réalisée dans l’atelier de la restauratrice Elisabeth Chauvrat, le tableau est revenu littéralement transformé comme on le voit ci-dessous :

L’opération s’est déroulée en plusieurs temps. La toile a été tout d’abord retendue et dépoussiérée puis superficiellement décrassée. Ensuite, a eu lieu l’une des étapes les plus spectaculaires de cette restauration : le nettoyage du vernis et l’élimination des repeints qui a permis de mettre à jour les plis du costume, les détails du paysage en arrière-fond avec notamment un instrument jusque là invisible, et de redécouvrir l’aspect originel du visage.

La restauration d’une œuvre est aussi souvent l’occasion de faire des découvertes sur sa genèse. Ainsi deux dates sont présentes sur le tableau : une sur le dos de la reliure d’un exemplaire des mémoires de l’Académie des Sciences (dont Fouchy fut secrétaire perpétuel pendant plus de trente ans), et une seconde en-dessous de la signature. L’opération de restauration a permis de montrer que ces dates avaient été modifiées, sans que l’on en connaisse toutefois la raison.
Après le comblement des lacunes et les dernières retouches pour homogénéiser l’ensemble, le tableau a été reverni. Pour parachever cette remise en beauté, un encadrement sur mesure en chêne patiné a été réalisé et financé également par l’emprunteur.
Signalons que Grandjean de Fouchy fut le secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences de 1743 à 1776 avant de céder la place au marquis de Condorcet. Il résida au seconde étage de l’Observatoire de Paris à partir du 4 avril 1744, qu’il quitta en 1747 suite à des infiltrations d’eau. Son œuvre scientifique est principalement centrée sur l’astronomie et la gnomonique. Il est notamment crédité de l’invention de la méridienne de temps moyen dans les années 1730, cette courbe en forme de 8 que l’on trouve sur certains cadrans solaires.
Emilie Kaftan