Conformément à la charte documentaire de la bibliothèque, les acquisitions patrimoniales répondent à des critères précis de pertinence vis-à-vis des collections déjà existantes relatives à l’histoire de l’établissement, plus largement de l’astronomie, ou illustrant les rapports entre astronomie, art, culture et société. Ces critères s’apprécient également en fonction de la rareté du/des documents ou objets et de leur insertion dans des projets de valorisation, par exemple une exposition. Les acquisitions onéreuses proviennent principalement de librairies spécialisées ou de ventes aux enchères. Ces dernières sont une source essentielle mais constituent un exercice difficile pour les établissements publics. Il faut en effet en quelques jours évaluer la pertinence de l’acquisition, trouver le budget nécessaire et, s’il y a lieu, organiser avec le Ministère une préemption qui permet de se substituer au dernier enchérisseur. Le calendrier est donc serré, le marché imprévisible et impitoyable, les moyens très limités au regard de ceux mobilisés par les acteurs du secteur privé.
Ce sont précisément les ventes qui ont fourni en 2014 l’essentiel des acquisitions onéreuses, à l’exception d’un petit cadran solaire horizontal datant du 17e siècle (fig.1) et de documents iconographiques -deux cartes postales (fig.2 et 3), une chromolithographie publicitaire (fig.4), enfin cinq photographies de l’expédition à l’Ile Saint Paul pour observer le passage de Vénus en 1874 (fig.5 à 9).
18 lettres écrites ou adressées à des astronomes fameux tels que Cassini, Manfredi, Bouguer ou Godin étaient proposées dans la vente Lettre autographes et manuscrits : collection Boutron-Charlard et Frémy organisée le 27 février par les commissaires T. Desbenoit et R. Nouel. Ces lettres complétaient d’autant mieux les collections de l’Observatoire qu’il est vraisemblable que certaines d’entre elles avaient été subtilisées par Gulielmo Libri dans les collections de l’Observatoire au 19e siècle. C’est ce qu’attestait leur présence dans des collections constituées par des particuliers au XIXe siècle, à l’époque où Libri mettait sur le marché le résultat de ses larcins, et la mention explicite de vols de Libri dans les archives des Cassini, alors non classées. Il était cependant impossible, faute d’inventaire et de marque de propriété (cote, estampille) de prouver leur appartenance et d’en réclamer la restitution en invoquant l’inaliénabilité et l’imprescriptibilité des collections publiques. La Bibliothèque a cependant pu bénéficier du droit de préemption pour douze lots et six ont ont pu être finalement acquis.
En avril cette fois, un ensemble de lettres de Le Verrier a été obtenu, par préemption encore, lors d’une vente FL auction.
Enfin, un hasard heureux a permis à la Bibliothèque d’être avertie par la société Ader et Nordmann, quelques mois avant leur dispersion, de la vente d’archives de Jules Janssen. La Bibliothèque a été autorisée à voir les documents avant l’établissement du catalogue, ce qui a permis de sélectionner les plus intéressants et d’apprécier s’il pouvait s’agir d’archives publiques. Au terme de cette étude, un document, le livre d’or de l’Observatoire de Meudon (fig.10 à 12), a pu être réclamé et a été retiré de la vente. Il a depuis été restitué à l’établissement sans versement d’indemnité. Pour le reste, au vu de l’intérêt des documents, de leur nombre et de leur valeur sur le marché, la bibliothèque a dû lancer rapidement un appel à don spécifique pour tenter d’acquérir une partie des nombreux lots intéressants. Grâce à neuf donateurs, plus de 3 000 € ont ainsi pu être recueilli, mais ce montant est demeuré insuffisant pour couvrir le coût de la vente.
Emilie Kaftan