Si la notion de "monuments historiques" est née au XIXème siècle et qu’une première liste est éditée en 1840 du vivant de Victor Hugo, il faut attendre le 31 décembre 1913 pour que soit adoptée la loi sur les monuments historiques, une des plus anciennes au monde dans le domaine de la protection du patrimoine et un modèle pour de nombreux pays.
Désormais centenaire, toujours en vigueur, et presque inchangée malgré quelques modifications en 2000, la loi de 1913 concerne les « immeubles dont la conservation présente, au point de vue de l’histoire ou de l’art, un intérêt public », lesquels peuvent être classés en tout ou partie par le ministère de l’Instruction publique et des Beaux-arts, aujourd’hui le ministère chargé des affaires culturelles. Le classement protège les monuments publics ou privés ainsi qu’un périmètre de 500 mètres autour d’eux.
La liste générale des monuments classés, publiée en 1900 par la direction des Beaux-arts, comprend plus de 200 noms, églises, abbayes, palais et hôtels, fontaines, monuments antiques ou mégalithiques, cimetières mais pas l’Observatoire de Paris. Ce dernier, protégé par l’arrêté du 12 juin 1926, sera toutefois le deuxième (le premier étant la barrière d’Enfer en 1907) bâtiment classé dans le 14e arrondissement qui en compte aujourd’hui plus de 50.
Le décret de 1926 classait « l’Observatoire de Paris et ses jardins », mais laissait dans le flou la protection des instruments du site. La plupart des instruments du XIXe siècle seront du reste déplacés comme le télescope de 1,20m (aujourd’hui à l’OHP) ou l’équatorial coudé parti en 1980 à La Villette pour un projet qui ne vit pas le jour avant de revenir à l’Observatoire.
Après une longue campagne documentaire, un arrêté modificatif a révisé en 2009 le classement de l’Observatoire en protégeant expressément certains édicules du site : le bâtiment du grand équatorial coudé, y compris son abri mobile, le laboratoire de photographie (salle Baillaud), les pavillons de la carte du Ciel et de la méridienne construit par Prouvé, la mire, enfin l’édicule attribué aux ateliers Prouvé dans lequel se trouve l’instrument méridien dit « du jardin ».
Signalons aussi que quelques objets des collections muséales sont classés au titre de la même loi qui couvre aussi le patrimoine mobilier (globes de Coronelli et de Passement, horloge Fardoil, miroir ardent) ainsi que les lambris qui ornent le bureau du Président.
Laurence Bobis