Même si toute intervention sur un document ancien induit inévitablement une altération de son état, il est en effet indispensable de procéder parfois à sa restauration pour ralentir sa détérioration, le consolider, rétablir sa fonctionnalité et sa lisibilité. La bibliothèque fait alors toujours appel à des professionnels spécialistes de la restauration de papier ou de reliure. Leur mission est de rendre au document un aspect et une solidité aussi proches que possible de son état d’origine en respectant des principes déontologiques : le traitement doit être aussi limité que possible, il doit être réversible, et il doit être enfin traçable.
La restauration d’un document est donc à chaque fois un projet spécifique, s’inscrivant dans un dialogue et une étroite collaboration entre la bibliothèque et le restaurateur.
Les projets de numérisation, les expositions, le récolement des collections de la bibliothèque déterminent généralement le choix des documents à restaurer en priorité.
Ainsi, afin de garantir la qualité du résultat de la numérisation de la correspondance manuscrite de Delisle], ou celle des procès-verbaux du Bureau des Longitudes, il a été nécessaire au préalable d’identifier et de restaurer parmi tous les volumes, les feuillets dont la lisibilité était compromise [1] ou ceux pour lesquels l’acte de numérisation même pouvait induire un risque de dégradation.

Par ailleurs, les expositions organisées régulièrement à la bibliothèque sont, on le sait, l’occasion de montrer l’importance et l’intérêt historique et scientifique des collections patrimoniales de l’Observatoire de Paris. Il arrive que l’état de certaines pièces sélectionnées rende nécessaire leur restauration pour pouvoir les exposer ensuite dans de bonnes conditions. Chaque document choisi pour une exposition est donc systématiquement examiné pour étudier la nécessité de le restaurer ou pas. Et c’est le cas à chaque fois qu’une exposition interne ou externe [2] envisage de présenter un document du fonds patrimonial.
Enfin, c’est aussi lors de campagne de récolement [3] de ses collection que la bibliothèque repère et identifie des documents présentant des altérations et qu’elle définit des priorités de restauration selon plusieurs critères :
– critères intellectuels (documents d’importance scientifique correspondant notamment au domaine CADIST [4] ou aux domaines de recherches historiques de l’Observatoire) ;
– critères physiques (criticité de l’état physique avec risques de perte de contenu ou état impliquant une incommunicabilité) ;
– critères de rareté (exemplaire unique à la bibliothèque et par ailleurs peu ou pas localisé dans d’autres bibliothèques)
La restauration est en effet d’autant plus cruciale qu’aucun document de substitution ne peut être proposé.

Et pour finir, voici quelques références utiles à consulter si l’on s’intéresse de plus près au sujet (on pourra trouver les ouvrages à la Bibliothèque) :
COQ, Dominique. Apprendre à gérer des collections patrimoniales en bibliothèque. Villeurbanne : Presses de l’Enssib, cop. 2012.
France. Service du livre et de la lecture. Charte de la conservation dans les bibliothèques. Paris : Ministère de la Culture et de la communication : Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 2011.
GIOVANNINI, Andrea. De tutela librorum : la conservation des livres et documents d’archives. Genève : Editions I.E.S., cop. 1999.
MOUREN, Raphaële (Dir.) Manuel du patrimoine en bibliothèque. Paris : Éd. du Cercle de la librairie, cop. 2007.
ODDOS, J.-P. La conservation : principes et réalités. Paris : Ed. du Cercle de la librairie, 1995.
ODDOS, J.-P. Le patrimoine : histoire, pratiques et perspectives. - Paris : Éd. du Cercle de la librairie, cop. 1997.
La restauration des livres manuscrits et imprimés : principes et méthodologie. Paris : Direction du livre et de la lecture : Bibliothèque nationale, 1992.
Sandrine Marchal
[1] Du fait par exemple de la présence de plis masquant des annotations manuscrites, de déchirures dans le texte, d’un empoussièrement excessif, etc
[2] Quand il s’agit de documents empruntés pour une exposition extérieure à l’Observatoire, la bibliothèque assure le suivi de la restauration, mais c’est l’institution emprunteuse qui règle les frais de restauration
[3] Le récolement est l’opération de contrôle de la présence de documents dans une collection
[4] La bibliothèque de l’Observatoire de Paris est le centre d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique et technique (CADIST) pour l’astronomie et l’astrophysique. Les CADIST forment un réseau de bibliothèques spécialisées, qui ont pour mission d’acquérir des documents de haut niveau scientifique dans leur discipline.