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Les étoiles massives nouvellement nées secouent leur berceau

1er juin 2002 Les étoiles massives nouvellement nées secouent leur berceau

Le télecope spatial Hubble a fait progresser de façon significative notre connaissance de la formation stellaire dans les galaxies lointaines. En fait, la majorité des étoiles observées dans l’Univers sont nées il y a plusieurs milliards d’années, lorsque l’Univers était encore jeune. Cependant de nouvelles étoiles se forment encore tous les jours ! Cette image de la nébuleuse N83B, obtenue par le télescope Hubble, montre une région de formation stellaire intense dans le Grand Nuage de Magellan. Cette galaxie, la plus proche de la notre, est située à 165 000 années-lumière de nous ; elle est observable à l’oeil nu dans l’hémisphère austral.

Les étoiles massives et très lumineuses que nous observons dans cette région viennent juste de quitter le nuage moléculaire qui leur a donné naissance. Ces étoiles ne sont pas faciles à observer. D’une part elles sont peu nombreuses et évoluent très rapidement à cause de leur forte masse. D’autre part elles passent une grande partie de leur trop courte vie enfouies sous d’énormes quantités de poussière et cachées à la vue. Nous avons ici l’occasion de les observer juste à la sortie de leur cocon de poussière.

Des astronomes Français, Américains et Allemands ont utilisé le télescope spatial Hubble pour étudier le jeu fascinant entre le gaz, la poussière, et les étoiles nouvellement nées dans la région N83B du Grand Nuage de Magellan. Pour la première fois la structure étonnante de cette région a été dévoilée''.  La haute résolution angulaire du télescope spatial a permis de détecter individuellement les étoiles qui excitent ce nuage de gaz.     L'étoile située au centre même de la nébuleuse principale (sous la petite région la plus brillante) est environ 30 fois plus massive que le Soleil et 200 000 fois plus lumineuse. Le rayonnement de cette étoile et le puissant vent qu'elle émet ont balayé le gaz environnant et creusé une grande cavité dans le gaz ionisé. Cettebulle’’ a environ 25 années-lumière de diamètre, soit la même dimension que la Nébuleuse d’Orion, une région de formation stellaire Galactique bien connue, contenant de nombreuses étoiles jeunes très massives. Les astronomes pensent que cette bulle est très jeune — a l’échelle astronomique — peut être aussi jeune que 30 000 ans (mais elle se serait alors formée il y a quelques 200 000 ans, à l’époque où l’homme de Néanderthal faisait son apparition sur Terre !). L’étoile la plus massive de N83B, située au coeur de la région la plus brillante, est 45 fois plus massive que le Soleil. La petite nébuleuse compacte qui l’entoure a seulement deux années-lumière de diamètre. Sa très petite taille et sa forte brillance indiquent que l’étoile qui l’illumine est très jeune et massive. L’image du télescope Hubble montre une structure fine en forme d’arc s’étendant entre la petite nébuleuse brillante et l’étoile illuminant la bulle. Cette structure résulte probablement de la rencontre des vents émis par ces deux étoiles très massives. L’âge estimé pour l’étoile au centre de la petite nébuleuse brillante et pour ses voisines montre que ce sont les étoiles les plus jeunes de la région. Il est probable que leur formation a été déclenchée par le vent très violent émis par l’étoile centrale de N83B. Ces formations stellaires ``en chaîne’’ semblent un phénomène courant dans l’Univers. Une vingtaine d’étoiles jeunes et lumineuses ont été détectées dans cette région, et il est très probable que de nombreuses étoiles massives restent indétectées dans d’autres parties du Grand Nuage de Magellan, au sein de petits amas enfouis dans la poussière comme N83B. La nébuleuse diffuse, partiellement obscurcie par un filament de gaz et de poussière, que nous observons à droite de l’image a le nom peu poétique de DEM22d. Le Hubble Space Telescope résulte d’une coopération internationale entre la NASA et l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Les chercheurs impliqués dans ces observations sont Mohammad Heydari-Malayeri (Observatoire de Paris, France), Vassilis Charmandaris(Université de Cornell, USA), Lise Deharveng (Observatoire de Marseille, France), Michael R. Rosa (ST-ECF, Allemagne), Daniel Schaerer (Observatoire Midi-Pyérnées, France), et Hans Zinneker (Astrophysikalishes Institut Posdam, Allemagne).

Les résultats de cette étude peuvent être trouvés dans l’article Heydari-Malayeri et al. (2001), accepté pour publication dans la revue européenne Astronomy & Astrophysics. Ce communiqué fait écho à celui diffusé par l’Agence Spatiale Européenne (ESA) et la NASA. Crédit : ESA, NASA, M. Heydari-Malayeri (Obs Paris).