Depuis 2014, posté au point de Lagrange L2 à 1,5 millions de km, le satellite Gaia balaye le ciel dans un mouvement de rotation avec l’objectif de cartographier en 3D d’ici fin 2020 plus d’un milliard d’objets de notre Galaxie. Il mesure ainsi toutes les sources lumineuses de magnitude plus brillante que 20,7.
Dans le cadre de ce suivi systématique, Gaia détecte des objets mobiles par rapport aux sources fixes : essentiellement des astéroïdes.
Un système d’alerte très efficace
Récemment, Gaia a permis la détection de trois nouveaux astéroïdes : 2018 YK4, 2018 YL4, 2018 YM4.
Les détections par Gaia d’astéroïdes non encore connus, ni catalogués, font l’objet d’un système de lancement d’alertes très sophistiqué, dont la mise en œuvre est assurée depuis 2016 par un consortium auquel contribuent largement des astronomes et ingénieurs de l’Observatoire de Paris, à l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE), et de l’Observatoire de la Côte d’Azur.
La comparaison avec des éphémérides (positions apparentes des objets du système solaire) fournies par l’IMCCE de l’Observatoire de Paris permet de savoir s’il s’agit d’un objet connu ou inconnu.
Si l’objet est inconnu, une tâche du processus enclenche le calcul de multiples solutions orbitales correspondant aux observations réalisées par Gaia qui, bien que très précises, concernent des arcs orbitaux courts et ne peuvent fournir une solution orbitale unique.
Ce calcul permet de prédire et de visualiser la zone du ciel où un observateur terrestre a la possibilité de le retrouver. Une alerte est alors injectée dans la base de données Gaia-FUN-SSO.
Ainsi alertés, des astronomes de l’IMCCE ont pu suivre au télescope de 1,20 m de l’Observatoire de Haute-Provence les trois nouveaux objets, et en valider la détection.
Les positions des trois nouveaux objets mesurées depuis l’espace par Gaia, leur découvreur, puis au sol, ont été envoyées aux Etats-Unis, au Minor Planet Centre, au Smithonian Astrophysical Observatory.
Sous l’égide de l’UAI (Union Astronomique Internationale), celui-ci centralise toutes les observations réalisées au niveau international et a attribué à chacun une désignation officielle : 2018 YK4, 2018 YL4, 2018 YM4.
Déjà plus de 120 astéroïdes validés
Publié en avril 2018, le catalogue DR2 (deuxième Data Release) du satellite Gaia produisait les mesures de plus de 14 000 astéroïdes connus observés entre 2014 et 2016.
Le prochain catalogue dont la parution est programmée en 2020 complètera cet échantillon de données par de nombreuses mesures d’autres astéroïdes connus.
Et depuis fin 2016, des données Gaia sur des astéroïdes nouveaux, non encore catalogués, sont également continûment diffusées et d’accès public.
Ainsi plus de 120 nouveaux astéroïdes ont été détectés par Gaia, puis validés par des observatoires au sol.
Ce sont essentiellement des objets de la ceinture principale située entre Mars et Jupiter.
Contributions
Le système des alertes et la validation des détections d’objets nouveaux sont le fruit d’un travail international qui implique le groupe CU4-SSO du consortium Gaia DPAC, les ingénieurs du DPCC-CNES en charge du traitement initial des données Gaia, les observateurs des observatoires en particulier : Observatoire de Haute-Provence, Kyiv Comet station, Odessa-Mayaki, Terskol, C2PU-Calern-Observatoire de la Côte d’Azur, LCOGT-Las Cumbres Observatory Global Telescope Network.
L’Observatoire de Paris contribue à la mise en œuvre via l’Observatoire de la Côte d’Azur du système de propagation des alertes (P. David, J. Berthier et S. Vaillant IMCCE), à la coordination du réseau Gaia-FUN-SSO ainsi qu’aux observations (K. Baillié, D. Hestroffer, V. Robert, W. Thuillot).
Un programme dédié d’observation à l’OHP est notamment piloté par l’IMCCEdepuis 2014 pour la validation des alertes astrométriques pour les objets du système solaire et photométriques pour d’autres alertes scientifiques (en collaboration avec S. Bouquillon, D. Souami et F. Taris, SYRTE ; B. Carry, M. Delbo, F. Spoto, P. Tanga OCA ; M. Dennefeld, IAP). Ce programme à l’OHP est financé par le Service National d’Observation Gaia. Un autre programme est en cours au LCOGT en collaboration internationale pour la détection des nouveaux objets du cadre Gaia-FUN-SSO et Ground Based Optical Tracking GBOT (R. A. Mendez Santiago Univ., S. Bouquillon et D. Souami, SYRTE, F. Spoto, OCA, W. Thuillot, IMCCE).
Dernière modification le 21 décembre 2021