Les observations de Jupiter en infrarouge ont été obtenues le 27 juillet 2022 par le télescope James Webb. Elles montrent des caractéristiques spécifiques de la géante gazeuse comme un fin liseré le long des bords des bandes colorées et autour de la grande tache rouge. Elles offrent également une vue sans précédent des aurores au-dessus des pôles Nord et Sud. Le traitement en fausses couleurs permet d’amplifier la visibilité de ces structures.
![]() Image of Jupiter taken by the Webb Space Telescope
This July 27 image of Jupiter taken by the Near-Infrared Camera on the new James Webb Space Telescope is artificially colored to emphasize stunning details of the planet: auroral emission from ionized hydrogen at both the north and south poles (red); high-altitude hazes (green) that swirl around the poles; and light reflected from the deeper main cloud (blue). The Great Red Spot, the equatorial region and compact cloud regions appear white or reddish-white; regions with little cloud cover appear as dark ribbons north of the equatorial region.
NASA, ESA, Jupiter ERS Team; image processing by Judy Schmidt)
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Une autre image à grand champ montre un alignement unique de la planète, de ses anneaux peu lumineux et de deux des plus petits satellites de Jupiter - Amalthea et Adrastea - sur un fond de galaxies.
« Nous n’avons jamais vu Jupiter comme ça. Tout cela est assez incroyable », a déclaré le planétologue Imke de Pater, professeur émérite de l’Université de Californie à Berkeley, qui a dirigé les observations scientifiques de la planète avec Thierry Fouchet, professeur à Sorbonne Université et chercheur à l’Observatoire de Paris - PSL. « Nous ne nous attendions pas vraiment à ce qu’elle soit aussi bonne, pour être honnête. Il est vraiment remarquable que nous puissions voir des détails sur Jupiter en même temps que ses anneaux, ses minuscules satellites et même des galaxies dans une seule image. »
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Lire aussi l’information
sur le site de Berkeley de l’Université de Californie [en anglais] :
"Surprising details leap out in sharp new James Webb Space Telescope images of Jupiter"
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Outre l’énorme tempête connue sous le nom de "grande tache rouge", de nombreux autres systèmes de tempêtes, identifiables par de petites zones ovales pâles, sont également visibles, ainsi que de minuscules panaches lumineux de particules nuageuses. La transition entre les bandes zonales et ces structures chaotiques, correspondant à des vortex situés à des latitudes plus élevées, est également clairement visible.
« Bien que nous ayons déjà observé plusieurs de ces caractéristiques de Jupiter, l’accès à l’infrarouge offert par JWST nous ouvre une nouvelle perspective », a déclaré M. de Pater. «La combinaison d’images et de spectres aux longueurs d’onde du proche et du moyen infrarouge nous permettra d’étudier l’interaction entre la dynamique de l’atmosphère, la composition chimique et la structure verticale en température dans et au-dessus de la grande tache rouge et dans les régions aurorales.»
La caméra infrarouge proche (NIRCam) du JWST a également capturé une vue à grand champ de Jupiter révélant ses anneaux et deux de ses lunes.
«Cette image illustre la sensibilité et la gamme dynamique de l’instrument NIRCam du JWST», a déclaré Thierry Fouchet. « Elle révèle les vagues, les tourbillons et les vortex brillants de l’atmosphère de Jupiter et fournit une image simultanément du système d’anneaux sombres, un million de fois moins lumineux que la planète, ainsi que les lunes Amalthea et Adrastea, qui mesurent respectivement environ 200 et 20 kilomètres de diamètre. Cette image, à elle seule, illustre les objectifs scientifiques de notre programme jovien, qui étudient la dynamique et la chimie de la planète elle-même, de ses anneaux et de son système de satellites. »
Si les observations spectroscopiques détaillées de la grande tache rouge de Jupiter ont été réalisées le 27 juillet dans le proche infrarouge et les 14 et 15 août dans l’infrarouge moyen, celles dédiées aux aurores de Jupiter sont prévues plus tard cette année.
Collaboration scientifique
Les observations de la grande tache rouge résultent à la fois d’un projet conjoint conduit par l’équipe scientifique de Early Release - avec Imke de Pater et Thierry Fouchet comme co investigateurs principaux - et d’un programme d’observations du Système solaire développé par Heidi Hammel de l’Association des Universités pour la Recherche en Astronomie (the Association of Universities for Research in Astronomy - AURA), les observations de Jupiter étant dirigées par Leigh Fletcher, professeur à l’Université de Leicester en Angleterre.
Les autres membres de l’équipe ERS de l’UC Berkeley pour les observations de Jupiter sont Mike Wong, chercheur en astronomie, et Ned Molter, boursier postdoctoral.