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DA14 - FH

Vendredi 15 février 2013, à 20h25 heure légale : l’astéroïde 2012 DA14, 45 mètres de diamètre et 135 000 tonnes, a survolé la Terre à 27 700 kilomètres du sol. Les chercheurs à l’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides de l’Observatoire de Paris ont sollicité leur réseau de correspondants et délivré les données astronomiques de référence. L’un d’eux observait au Pic-du-Midi, Hautes-Pyrénées. Résultats et images.

Quelques premiers détails au radar
Vendredi 15 - samedi 16 février 2013, antenne de 70 mètres de Goldstone

Asteroid DA14 - Radar observations
Les images radar préliminaires acquises avec l’antenne Nasa de 70 mètres à Goldstone, Californie, permettent d’apercevoir de premiers détails sur la forme, la structure et le mouvement de rotation de l’astéroïde géocroiseur 2012 DA14. Il s’éloignait alors de 120 000 à 314 000 kilomètres de distance de la Terre. Les clichés révèlent que l’objet mesure environ 40 mètres suivant sa plus grande longueur. Il tourne sur lui-même en 8-10h, ce qui est lent, selon les spécialistes de l’IMCCE. Les plus fins détails visibles sur les 73 photos radar acquises font 4 mètres de dimension.
(Nasa / JPL Caltech)
Embedded video from NASA Jet Propulsion Laboratory California Institute of Technology

Plein succès pour la science !
L’équipe de chercheurs français envoyés spécialement au Pic-du-Midi a acquis plus de 5000 images du passage de 2012 DA14 dans le ciel de la Terre. Il faudra des semaines pour analyser ces données et en déduire des informations inédites sur l’astéroïde, sa nature, sa trajectoire. L’événement lui-même sera étudié pendant plusieurs années.

Pic-du-Midi : 2012 DA14 sort de l’horizon et de la mer de nuages
Vendredi 15 février 2013, 20h57 à 21h10
Astéroïde à 36 000 kilomètres
Caméra professionnelle sCMOS (du télescope de 1 mètre), objectif de 85 millimètres

2012 DA14 rising above Pic du Midi horizon
Cette nouvelle séquence montre l’astéroïde s’élever au-dessus de la mer de nuages qui entoure le sommet du Pic-du-Midi et couvre l’horizon. 2012 DA14 apparaît comme un très faible point lumineux, plus ténu que les principales étoiles environnantes. Il monte en diagonale : de l’est (en bas, à droite) vers le nord (en haut, à gauche). De temps à autre, des avions brillants traversent rapidement le champ de 9° à l’horizontale. Images acquises avec la caméra sCMOS du télescope de 1 mètre du Pic-du-Midi et un objectif de 85 millimètres de longueur focale, ouvert à f/1,4.
Observatoire de Paris / CNRS / IMCCE / OMP / F. Colas / S. Bouley / B. gaillard / C. Nitschelm

Pic-du-Midi (Pyrénées) : 15 minutes d’images vidéo en couleur
Vendredi 15 février, de 21h01 à 21h16
Astéroïde à 36 000 kilomètres
Appareil photo numérique Pentax K5, objectif de 85 millimètres

2012 DA14 - 2013 feb 15th - 20h01 => 20h16 UTC
Saisi par l’équipe française, dans les Hautes-Pyrénées : l’astéroïde 2012DA14 semble surgir brusquement de l’horizon est (en bas à droite de l’image) et monte au nord (en haut à gauche). Il apparaît comme un très fin point brillant, plus discret que les étoiles alentours, et passe notamment à côté de la constellation du Lion. Coïncidence : une étoile filante croise sa course à la fin de cette séquence de 15 minutes, enregistrée de 21h01 à 21h16 (heure légale française) et visualisée en accéléré à vitesse 50 fois plus rapide. Les images ont été acquises par François Colas, chargé de recherche CNRS à l’Observatoire de Paris, avec Sylvain Bouley, maître de conférence à l’Université Paris-Sud, Boris Gaillard, Christian Nitschelm. L’équipe opérait au Pic-du-Midi, 2 877 mètres d’altitude, avec un appareil photo numérique Pentax K5 de 6400 ASA de sensibilité, attaché à un télescope robotique et équipé d’un objectif de 85 millimètres de longueur focale ouvert à f/1.4. Champ de vue large de 15°. En bas à gauche : une représentation à l’échelle d’une Pleine Lune. Télécharger la vidéo au format mp4 (28 Mo).
Observatoire de Paris / CNRS / IMCCE / OMP / F. Colas / S. Bouley / B. gaillard / C. Nitschelm

Le dispositif technique au sommet

Pour suivre le déplacement rapide de l’astéroïde, l’équipe française a utilisé un appareil photo numérique et une caméra installés sur un télescope robotique. Température ambiante : - 10 °C. La chaîne des Pyrénées apparaît très enneigée. Cliquer pour voir en grand.
(Observatoire de Paris / CNRS / IMCCE / OMP)

Observatoire Midi-Pyrénées
Voir cette page : 2012 DA14 observé au Pic-du-Midi, à Calern (Grasse) et La Silla (Chili)

Port-Royal des champs : l’astéroïde en Île-de-France
Vendredi 15 février 2013, 21h24, télescope Dobson

L’astéroïde 2012 DA14 monte de droite à gauche (de l’est vers le nord), tandis qu’une étoile brillante tourne vers la droite, emportée par la rotation de la voûte céleste (Terre). Avec son télescope Dobson de 40 centimètres de diamètre et un appareil photo numérique de 400 ISO de sensibilité : Nicolas Biver, chargé de recherche CNRS à l’Observatoire de Paris, a suivi le passage de l’astéroïde 2012 DA14 de 21h07 à 23h vendredi 15 février 2013 depuis Port-Royal des champs, Magny (Yvelines). Le champ apparent est d’environ une Pleine Lune. L’animation accélérée 10x par rapport à la réalité comprend 8 images prises en 38 secondes autour de 21h24.
(Observatoire de Paris / LESIA / N. Biver)

Vu de Siding Spring, Australie
Jeudi 14 février

L’animation montre l’astéroïde observé par Edward Gomez avec le télescope Faulkes sud, de 2 mètres diamètre, à Siding Spring, Australie. 2012 DA14 évoluait alors à 748 000 kilomètres de la Terre et brillait 60 000 fois moins que la moindre des étoiles visibles à l’oeil nu alentour. Séquence de deux clichés CCD. Le projet Faulkes est géré par l’observatoire de Las Cumbres, Goleta, Californie, dans le cadre d’un programme de télescope global en réseau. Il comprend un second instrument de 2 mètres, basé à Maui, Hawaï. Ernesto Guido et Nick Howes de l’observatoire de Remanzacco, Italie, ont effectué le montage.
(E. Gomez / LCOGTN Faulkes / E. Guido et N. Howes / Remanzacco O.)

Première image… en Australie !
Mercredi 13 février 2013
Cliquez pour agrandir et voir l’astéroïde, comme un point au centre.

Le cliché a été pris mercredi 13 février 2013, à 13h53 (heure française), par Dave Herald de Murrumbateman, Canberra, Australie. Son champ initial couvre l’étendue d’une Pleine Lune. 2012 DA14 évoluait 1,2 million de kilomètres de la Terre. L’astéroïde (petit point au centre) passe à côté des étoiles (tirets allongés) de l’amas globulaire du Toucan. Sur cette image en négatif, l’objet apparaît à l’intersection de deux traits orangés surimprimés. L’image résulte de 12 poses d’un minute. L’astéroïde est 200 000 fois trop peu brillant pour être visible à l’œil nu.
(D. Herald / Murrumbateman / Australie)

Simulation numérique Stellarium

Cette simulation montre la rencontre du 15 février 2013 observée par une caméra postée sur l’astéroïde et dirigée vers la Terre. 2012 DA14 s’approche du pôle sud (Antarctique) sur fond de constellations boréales. Puis il s’éloigne au-dessus du pôle nord, sur fond de constellations australes. Le basculement de l’hémisphère sud au nord s’effectue du côté nuit de la planète. Le Soleil brille à l’arrière-plan. Calculs effectués avec le logiciel Stellarium.
Voir l’original sur le site de l’IMCCE.
Observatoire de Paris / IMCCE / P. Rocher

Simulation numérique Skybot 3D
L’approche de 2012 DA14 près de la Terre

Cette simulation graphique montre la rencontre du 15 février 2013 observée par une caméra postée sur l’astéroïde et dirigée vers la Terre. 2012 DA14 s’approche d’abord du pôle sud (Antarctique) puis il s’éloigne au-dessus du pôle nord de la planète. Scènes calculées avec le logiciel Skybot3D. La position de l’astre et du système Terre-Lune est déterminée toutes les heures, toutes les 10 minutes, puis toutes les minutes pendant le survol rapproché. Les points colorés à l’arrière-plan sont les astéroïdes visibles dans le champ.
Observatoire de Paris / IMCCE / J. Berthier / J. Normand

Animation : la découverte en 2012
2012 DA14 a été décelé en février 2012, à l’observatoire de La Sagra (Espagne) avec un télescope de45 centimètres de diamètre.

2012 DA14 filmé depuis l’observatoire de
La Sagra, lors de sa découverte.
(La Sagra Sky Survey / ESA)

15 février 2013 - Un nouvel astéroïde, 2012 DA14, frôle la Terre
Mis à jour le 14 février 2013

Ce sera un record. Jamais dans l’histoire le passage aussi proche d’un astéroïde de cette taille – 45 mètres de diamètre - n’avait pu être prévu à l’avance puis observé. Vendredi 15 février 2013, à 20h25, heure française, l’objet immatriculé 2012 DA14 s’approchera à 27 700 kilomètres du sol de notre planète. Les chercheurs à l’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides IMCCE de l’Observatoire de Paris fournissent les données officielles. Ils mobilisent leur réseau international de correspondants.

Trajectoire de l’astéroïde frôleur 2012 DA14.
(Observatoire de Paris / IMCCE)

Aucun danger. Heureusement, car l’objet filera, tout de même, à 28 000 kilomètres/heure. Et si d’aventure il heurtait notre planète, l’impact de l’astéroïde 2012 DA14 créerait un cratère d’un kilomètre de diamètre. Il décimerait toute vie dans un rayon de 20 kilomètres. Mais ce n’est pas le cas. Tout risque de collision avec le globe est écarté pour au moins un siècle, affirment les chercheurs l’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides IMCCE [1] de l’Observatoire de Paris. Ces équipes fournissent les tables de données numériques officielles, en France, du phénomène : les éphémérides. Leur prévision s’appuie sur l’ajustement précis de la trajectoire avec 208 mesures astrométriques enregistrées sur près d’un an, du 23 février 2012 au 3 février 2013.

2012 DA14 est connu depuis peu. Sa découverte, à l’observatoire de La Sagra, Andalousie, Espagne, remonte au 22 février 2012 lors de son passage à 2,6 millions de kilomètres de distance.

Un astéroïde géocroiseur
Dans le cadre de ses responsabilités scientifiques internationales, l’IMCCE élabore les tables numériques de référence – les éphémérides - parmi les plus précises au monde qui permettent de prédire la position et la trajectoire de l’astre en fonction du temps.

2012 DA14 boucle sa révolution autour du Soleil avec une période de 366 jours. Il appartient au groupe des astéroïdes géocroiseurs Apollos qui croisent régulièrement la trajectoire de la Terre et peuvent à ce titre représenter une menace potentielle de collision. Sa très prochaine rencontre avec notre planète lui fera subir une force gravitationnelle. Il passera alors dans le groupe des Atens avec une période de 317 jours.

A 21h en France
Au soir du vendredi 15 février, 2012 DA14 traversera ainsi le ciel de part en part. En quelques heures, il basculera de l’hémisphère sud à l’hémisphère nord. En France, il surgira à 21h au-dessus de l’horizon est, dans la constellation de la Chevelure de Bérénice. Puis il franchira les Chiens de Chasse, la Grande Ourse, le Dragon et la Girafe à partir de minuit. A l’aube : il s’approchera de l’étoile polaire, au nord, dans la Petite Ourse.

Campagne internationale
Le phénomène sera suivi de près dans le cadre du nouveau programme de surveillance systématique du ciel que met en place l’IMCCE. Cinq caméras automatiques sont postées sur le toit de l’Observatoire de Paris, au Pic-du-Midi, à Guzet et Montsec (Pyrénées).

Certains chercheurs tenteront d’opérer depuis l’Observatoire de Paris. L’un d’eux part au sommet du Pic-du-Midi, 2877 mètres d’altitude, Hautes-Pyrénées. Il y travaillera avec une caméra professionnelle à Charge Coupled Device CCD de 5,5 millions de pixels équipée d’un objectif large champ et attachée à la monture d’un télescope robotique de 30 centimètres de diamètre. Les images électroniques seront diffusées sur le site grand public de l’Observatoire de Paris. Le réseau de 50 correspondants et partenaires dont dispose l’IMCCE dans le monde a été activité. Une dizaine de ces observateurs devraient pouvoir transmettre les premières images depuis l’hémisphère sud, notamment l’Australie.

Observation délicate
Difficulté toutefois pour les observateurs amateurs : malgré sa grande proximité, l’objet qui passe 14 fois plus près que la Lune restera invisible à l’œil nu. Il réfléchit trop peu la lumière du Soleil. A 21h, son éclat demeurera 10 fois inférieur à celui de la moindre étoile discernable sans instrument. A minuit, il sera devenu 100 fois trop peu brillant. Les amateurs avertis équipés de jumelles, lunettes ou télescopes devraient cependant pouvoir le détecter dans un environnement favorable, loin des lumières des villes. 2012 DA14 apparaîtra alors comme un point mobile, analogue d’un satellite artificiel qui défile entre les étoiles.

Carte de la trajectoire (courbe inclinée)
En quelques heures, l’astéroïde grimpe à vive allure de l’est au nord..
(Observatoire de Paris / IMCCE / P. Rocher)

Zoom
Astéroïde 2012 DA14
Diamètre : 45 mètres environ
Passage au plus près : 15 février 2013, 20h 24m 44s
Distance d’approche : 27 700 kilomètres
Vitesse : 28 000 kilomètres/heure
Observation optimale en France : 21h30 – 22h30

Pour en savoir plus
 Consulter la page dédiée de l’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides IMCCE, de l’Observatoire de Paris. Elle présente les données astronomiques officielles, actualisées.
 Voir toutes les cartes de visibilité en fonction de l’heure. Les calculs originaux ont été effectués par Patrick Rocher astronome d’après l’ensemble des observations disponibles dans le monde.


[1L’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides IMCCE est un institut de l’Observatoire de Paris. Il est associé au CNRS, à l’Université Lille 1, et à l’Université Pierre et Marie Curie.

Modifié le 25 février 2013