Les instruments

Les instruments sont consultables dans la base de données dédiée aux collections muséales. Parmi les instruments et objets remarquables, on compte les instruments signés ou attribués à Erasmus Habermel, ceux des grandes expéditions du Pérou et de Laponie au XVIIIesiècle, les instruments utilisés pour l’établissement du système métrique à l’époque de la Révolution française, ou encore par François Arago et Léon Foucault, le bureau d’Alexandre de Humboldt, des horloges parlantes.
Du Musée de Cassini IV à celui de l’Amiral Mouchez
Cassini IV est le premier à avoir l’idée d’un musée de l’astronomie destiné à le "débarrasser des visites très importunes des curieux et des étrangers qu’il était d’antique usage à l’Observatoire de laisser entrer dans les cabinets d’observation". Il fait placer dans la grande et prestigieuse salle méridienne du second étage "quantité d’objets propres à satisfaire la curiosité du public", notamment de vieux instruments qu’il juge sans intérêt. En 1791, dans une situation tendue, il dresse un état des instruments appartenant à l’Observatoire royal. Un deuxième est réalisé en 1793 devant Cassini, "cy-devant directeur", par les commissaires Étienne Le Noir (1744-1832), Jacques Charles (1746-1823) et Jean-Nicolas Fortin (1750-1831), délégués par le Ministre de l’intérieur. Ils dénombrent 17 pendules, 13 lunettes, une cinquantaine d’objectifs dont les plus anciens sont de Campani, de Borelli et d’Huygens, 5 télescopes et 13 micromètres.

Beaucoup de ces instruments semblent avoir disparu en 1878, lorsque l’amiral Mouchez développe un projet de musée. Il déplore en effet que l’Observatoire « n’ait gardé que des traces relativement récentes de son passé scientifique et presque pas de l’époque de sa fondation. Néanmoins une collecte active permet de présenter en vitrine dès 1879 de beaux instruments : instruments mathématiques d’Erasmus Habermel (1538 ?-1606) retrouvés dans un placard des archives, étalons du système métrique, appareils d’optique de Fresnel et d’Arago, appareils de Fizeau et de Cornu relatifs à la détermination de la vitesse de la lumière, théodolite, lunette méridienne portative etc. On y ajoute une très belle pendule astronomique de Pierre Fardoil (actif de 1684 à 1722) restaurée par Passerat. Le Journal illustré de mars 1879 montre par ailleurs qu’au 2e étage, « la salle du méridien » était toujours aménagée pour les visites et abritait des bustes et des instruments de grande dimension.
En 1880, Lucie Laugier (1823-1900), nièce de François Arago, fait à l’Observatoire le don de ses instruments, tandis que l’année suivante est marquée par l’arrivée des instruments d’astronomie du Musée Carnavalet et le retour d’instruments prêtés autrefois par le Bureau des longitudes à l’Observatoire de Toulouse, comme le sextant emporté par La Caille au Cap de Bonne Espérance ou le quart-de-cercle de Bird utilisé par Lalande pour son catalogue d’étoiles. On fait le projet d’une nouvelle salle réservée au système métrique et d’un inventaire confié à Charles Wolf. Le public est accueilli le premier samedi de chaque mois et quatre astronomes sont désignés pour recevoir les quelque 200 visiteurs ainsi admis à chaque séance, et leur montrer les quatre principaux instruments de l’Observatoire.

La guerre de 1914-18 entraîne la mise à l’abri de certaines pièces des collections, comme les règles de Borda qui ont servi à la mesure de la méridienne par Delambre et Méchain, sans que l’on connaisse la liste exacte de ce qui a été provisoirement déménagé. La salle de la tour de l’Est, jusque là réservée aux instruments et aux photographies astronomiques modernes, est affectée en 1920 au Bureau International de l’Heure. La salle du méridien est quant à elle dévolue au laboratoire d’optique en 1924. La plupart des instruments du musée délaissé rejoignent alors la bibliothèque.
Dans les années 80, le déménagement du laboratoire d’optique, établi jusque là dans la salle méridienne, permet à la Bibliothèque de nouveaux enrichissements à Paris. A Meudon, un petit groupe de chercheurs, sous la direction d’Audouin Dollfus, entreprend de collecter le patrimoine instrumental de l’Observatoire de Meudon. Ce travail se poursuit dans les décennies suivantes avec plus de 500 fiches descriptives d’instruments rédigées par Audouin Dollfus.
Si le travail de collecte dans les départements scientifiques sur les deux sites est aujourd’hui loin d’être achevé, d’importants chantiers ont été menés sur les instruments, principalement à Paris, dans les années 2000 : restaurations, inventaire et recotation, récolement, collecte d’informations relatives aux instruments dispersées dans les archives. La Bibliothèque travaille actuellement à un projet de base de données des instruments.
Le fonds iconographique

Le fonds iconographique (estampes, dessins, cartes postales, photographies, chromolithographies...) représente près de 2 000 documents inventoriés. Y est rattachée une petite collection de peintures et pastels, qui compte des pièces spectaculaires comme la carte de l’hémisphère austral peinte en 1755 par Anne-Louise Le Jeuneux d’après les observations de l’abbé La Caille au Cap de Bonne Espérance, l’autoportrait de La Hire ou encore des pastels astronomiques de Léopold Trouvelot.

Les archives photographiques
La Bibliothèque de l’Observatoire de Paris conserve sur le site de Meudon plus de 30 000 plaques photographiques. Retrouvées sur deux des sites de l’Observatoire (Paris et Meudon), elles ont été reclassées par producteur ou par thématique. En 2023, elles sont réparties dans 2 collections thématiques et 37 fonds photographiques.
Ces fonds documentent un siècle d’astrophotographie, de 1880 aux années 1970. Il s’agit à la fois de fonds de l’Observatoire de Paris, à savoir d’astronomes actifs sur les sites de Paris et Meudon, de services, de grands projets de l’Observatoire, et de fonds ayant des rapports plus indirects avec l’institution, comme par exemple des fonds d’astronomes étrangers, amateurs ou indépendants ayant fréquenté l’Observatoire, des fonds d’autres observatoires. Bien que la collection soit principalement composée de clichés d’observations, elle contient aussi de nombreuses images présentant les astronomes, leurs instruments, les installations et sites d’observation.
Liste des fonds publiés dans le catalogue Calames et mis à disposition des chercheurs :
– Plaques de verre provenant du site de Paris :
Collection thématique de plaques photographiques isolées provenant du site de Paris
Fonds photographique des missions d’observation du Passage de Vénus de 1882 en Amérique
Fonds photographique des frères Henry
Fonds photographique du projet de la Carte photographique du Ciel
Fonds photographique Isaac Roberts
Fonds photographique Loewy et Puiseux : clichés de la Lune pris au grand équatorial coudé
Fonds photographique Loewy et Puiseux : clichés de planètes pris au grand équatorial coudé
Fonds photographique Charles Le Morvan
Fonds photographique de l’éclipse du 30 août 1905
Fonds photographique de l’éclipse du 28 juin 1908
Fonds photographique de l’éclipse du 17 avril 1912
Fonds photographique Albert Senouque
Fonds photographique George Willis Ritchey
Fonds photographique Lucien Rudaux
Fonds photographique André Bloch
Fonds photographique Marcel de Kérolyr
Fonds photographique Gaétan Blum
Fonds photographique Théophile Weimer et Madeleine Chofardet
Fonds photographique Roger Rigollet
Fonds photographique Paul Couderc
Fonds photographique des travaux sélénographiques avec la Caméra Markowitz
Fonds photographique Bengt Westerlund
Fonds photographique de l’Observatoire de Tacubaya
Fonds photographique du planétarium Adler de Chicago
– Plaques de verre provenant du site de Meudon :
Collection thématique de plaques photographiques isolées provenant du site de Meudon
Fonds photographique des observations solaires de Janssen
Fonds photographique Henri Deslandres
Fonds photographique Gaston Millochau
Fonds photographique Louis Rabourdin
Fonds photographique Aymar de La Baume Pluvinel
Fonds photographique Emile Schaer
Fonds photographique de l’Observatoire de Juvisy
Fonds photographique Bernard Lyot
Fonds photographique Auguste Martin
Fonds photographique du Service de physique cométaire et stellaire de l’Observatoire de Paris - site de Meudon
Fonds photographique du Palais de la Découverte
Fonds photographique Henri Camichel
Fonds photographique Roger Servajean
Fonds photographique du Centre de documentation planétaire et cométaire de l’UAI (Meudon)
Cette collection comprend des clichés remarquables tant pour l’histoire de l’Observatoire de Paris que pour l’histoire de l’astrophotographie et même de la photographie, notamment le fonds des observations solaires de Jules Janssen, les clichés de la Lune des frères Henry, suivis de ceux de Maurice Loewy et Pierre Puiseux, les observations de la Carte photographique du ciel, ou encore les négatifs originaux de la couronne solaire par Bernard Lyot. Le fonds Isaac Roberts, par ailleurs, contient les premières images de la galaxie d’Andromède révélant sa forme spirale.