Depuis environ neuf mois, la comète 12P/Pons-Brooks est visible au télescope dans le ciel nocturne : il s’agit d’une comète périodique, la douzième reconnue comme telle. D’où sa dénomination officielle, complétée du nom de ses découvreurs.
Mise au jour par le français Jean-Louis Pons en 1812, cette comète a été redécouverte par William R. Brooks en 1883, lors de son apparition suivante.
Une "cousine" de la comète de Halley
Bien que la comète 12P/Pons-Brooks soit beaucoup moins célèbre que la comète de Halley, elle présente quelques analogies avec celle-ci.
Toutes deux proviennent du nuage de Oort et ont des périodes voisines :
- 71 ans pour Pons-Brooks ;
- 76 ans pour Halley.
Leurs périhélies sont respectivement à 0,78 ua (près de 120 millions de kilomètres) et à 0,59 ua du Soleil ;
Leurs inclinaisons sont assez élevées : 74° pour Pons-Brooks et 162° pour Halley.
De la comète 12P/Pons-Brooks, on ne connaît ni la taille (seule une limite supérieure de 34+-12 km de diamètre a été déduite de sa redécouverte à 12 ua du Soleil en 2020), ni la forme, ni la masse, ni le volume.
Tout ce que l’on sait, c’est que son noyau est sans doute un peu plus gros que celui de Halley, - car son taux de dégazage cet hiver était trois fois plus élevé que celui mesuré en 1986 pour Halley, à la même distance du Soleil, dépassant les 30 tonnes d’eau par seconde, à 1 ua du Soleil, ce mois-ci.
Cependant, sa distance minimale à la Terre étant toujours supérieure à 0,2 ua, elle ne donne pas lieu à un essaim d’étoiles filantes.
Une comète hyper active !
La comète 12P/Pons-Brooks présente une caractéristique très particulière : de multiples sursauts d’activité observés, lors de ses apparitions précédentes. Ce comportement singulier s’est de nouveau manifesté, à plusieurs reprises, depuis juin 2023 ;
Les sursauts de luminosité peuvent atteindre un facteur allant de 20 à 100 en 24 heures, et sont suivis d’une décroissance rapide. Une surveillance quasi quotidienne depuis novembre 2023 au grand radiotélescope à Nançay a par ailleurs révélé, à plus de trois reprises, de brusques augmentations de son taux de dégazage.
« 12P/Pons-Brooks est, après Hale-Bopp en 1997, l’une des comètes les plus actives observée à 1 ua du Soleil au grand radiotélescope de Nançay, depuis des décennies », souligne Nicolas Biver, chercheur CNRS au Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique (LESIA), à l’Observatoire de Paris – PSL.
Indépendamment de ses sursauts, la comète devient progressivement plus brillante à mesure qu’elle se rapproche du Soleil ; elle atteindra son périhélie le 21 avril 2024, mais à une distance de 1,60 ua de la Terre (soit à 240 millions de kilomètres), sa magnitude sera de l’ordre de 4,5.
Elle passera au périgée le 2 juin, à 1,55 ua de la Terre ; les conditions d’observation ne sont donc pas optimales.
En France métropolitaine, la comète est actuellement visible en tout début de nuit. A l’équinoxe de printemps (mercredi 20 mars, à 4 h 06 min (TLF)), elle devient un astre du soir, observable une heure après la nuit tombée. Autour du 10 avril, elle se perdra dans le crépuscule.
Le 2 juin, elle basculera dans l’hémisphère sud, où elle sera visible en début de soirée.
Depuis plusieurs mois, l’équipe “Comètes” du LESIA étudie de près la comète au moyen de plusieurs radiotélescopes. Des observations vont se poursuivre au grand radiotélescope de Nançay, à l’IRAM, Noema, ALMA (Chili)... Le but est d’en savoir plus sur sa taille, sa composition et sur les processus physiques responsables de son activité.
Dernière modification le 5 avril 2024