C’est la première fois qu’un tel évènement a lieu. Il n’est pas rare qu’un petit astéroïde de ce type tombe sur la Terre, mais la plupart du temps l’évènement reste inaperçu. Grâce à des programmes d’observation des météores les scientifiques peuvent observer les dernières secondes de sa chute, lorsqu’il est déjà dans l’atmosphère et crée un flash très lumineux dans le ciel. La détermination de son origine est alors possible mais complexe. Le cas de 2008 TC3 est différent car il a été observé avant même sa chute. Dans le même ordre d’idée il est possible de déterminer l’origine astronomique des météorites trouvées sur Terre en examinant la façon dont ils réfléchissent la lumière et en les comparant aux astéroïdes observés dans nos télescopes. Le cas de 2008 TC3 est unique car les données minéralogiques et astronomiques sont disponibles en même temps pour la première fois.
L’astéroïde en question faisait environ 4.1 m de diamètre, c’est-à-dire qu’il était suffisamment petit pour ne pas causer de dégât au sol. Il s’est désintégré haut dans l’atmosphère (37 km) trahissant sa nature fragile, ce qui laissait peu d’espoir de récupérer des fragments. Cependant Peter Jenniskens (SETI Institute, Californie) et Muawia Shaddad sont allés chasser les météorites dans le désert Soudanais avec une équipe d’enseignant-chercheurs et des étudiants de l’université de Khartoum. 47 météorites ont été trouvées, pour un poids total de 3.95kg. L’analyse de la roche a montré qu’il s’agit d’une uréilite atypique, jusqu’ici jamais observée dans les collections de météorites, et associés à des astéroïdes de type S, alors que 2008 TC3 est de type F. Sa fragilité et sa porosité ont surpris tous les scientifiques. Les travaux de J. Vaubaillon de l’IMCCE (observatoire de Paris) basés sur l’évolution orbitale de 2008 TC3 ont montré que ce corps pourrait être lié à un autre astéroïde de type F beaucoup plus gros (1998 KU2, 2.6 km de diamètre). La détermination de la composition des roches extra-terrestres tombant sur Terre permet aux scientifiques de comprendre la formation du Système Solaire. De plus la surveillance du ciel permet de prévoir la chute d’astéroïdes géocroiseurs. Les petits objets comme 2008 TC3 (4.1m, 80 tonnes) ne font guère de dégâts au sol mais le risque de chute d’objet plus massif sur une zone habitée est pris au sérieux par les astronomes. Ce genre d’étude est un effort international dont l’Observatoire de Paris via l’IMCCE fait déjà partie.
Dernière modification le 21 décembre 2021