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Qu’est-il arrivé à la comète 17P/Holmes ?

1er octobre 2007

Le 24 octobre 2007, l’éclat de la comète 17P/Holmes a brutalement été multiplié par un million. Des observations faites à l’Observatoire du Pic-du-Midi et avec les radiotélescopes de Nançay et de l’IRAM vont peut-être nous aider à comprendre ce qui s’est passé.

Ce sont des astronomes amateurs qui ont donné l’alerte. 17P/Holmes est une petite comète qui tourne autour du Soleil avec une période de 6,9 ans. Son éclat ne dépasse habituellement guère la 15ème magnitude, ce qui la rend difficilement observable sans gros télescope. Le 24 octobre, son éclat, qui était voisin de la magnitude 16 les jours précédents, a brusquement augmenté. Elle est vite devenue visible à l’œil nu, atteignant la magnitude 2,5 le 25 octobre. La comète passa au plus près du Soleil le 4 mai 2007 à 2,16 unités astronomiques (UA), soit 325 millions de kilomètres. Le 24 octobre, elle était à 2,44 UA du Soleil (365 millions de km) et 1,63 UA (245 millions de km) de la Terre.

Figure 2 : Le spectre des raies de OH à 18 cm observé dans la comète 17P/Holmes avec le radiotélescope de Nançay. On observe une augmentation du signal par un facteur trois du 25 (à gauche) au 26 (à droite) octobre 2007. © Observatoire de Paris. Cliquer sur l’image pour l’agrandir
© Observatoire de Paris

Des observations ont pu être organisées rapidement dès la nouvelle connue. À l’observatoire du Pic-du-Midi, des images prises au télescope de 1 m (Figure 1) montrent l’évolution et le développement de la chevelure. La condensation centrale ne montre pas de signe de fragmentation du noyau. Le spectre de la comète observé avec le spectro-polarimètre NARVAL du télescope Bernard Lyot, apparaît dominé par la poussière avec peu de raies d’émission. Au radiotélescope de Nançay, les raies du radical OH à 18 cm ont été observées (Figure 2). Le radical OH est un produit de la photodestruction de la molécule d’eau qui permet d’estimer la quantité d’eau s’échappant de la comète.

Au radiotélescope de 30 m (Pico Veleta, Espagne) de l’Institut de radioastronomie millimétrique (IRAM), les premières observations faites le 26 octobre ont révélé les raies intenses du radical CS et des molécules de monoxide de carbone (CO), de méthanol (CH3OH) et de cyanure d’hydrogène (HCN), provenant de la sublimation des glaces cométaires. Les quantités de gaz observées sont supérieures à celles que produisait la comète géante Hale-Bopp à la fin 1996, alors qu’elle était à la même distance du Soleil. L’interféromètre de l’IRAM au Plateau de Bure a obtenu des images de la comète traçant la distribution des molécules de HCN et de la poussière (Figure 3).

Figure 3 : L’image observée à 3 mm de longueur d’onde, montrant la distribution de la poussière dans la comète 17P/Holmes, observée le 27 octobre 2007 avec l’interféromètre de l’IRAM au Plateau de Bure. © IRAM. Cliquer sur l’image pour l’agrandir
© IRAM

La comète 17P/Holmes fut découverte le 6 novembre 1892 à Londres par Edwin Holmes, à la faveur (déjà !) d’un important sursaut d’éclat. Des sursauts d’éclat imprévus sont fréquents parmi les comètes, mais il est rarissime d’en observer de si importants. Les observations de la comète Holmes se poursuivent, et le suivi de l’événement va peut-être nous permettre d’en élucider le mécanisme et d’en déterminer la cause.