Analogue à une éjection de masse coronale (CME) du Soleil, le phénomène, détecté grâce au radiotélescope européen LOFAR, constitue la première preuve directe qu’une autre étoile que le Soleil peut projeter du plasma dans l’espace interstellaire.
Première détection radio directe
Les éjections de masse coronale sont de vastes éruptions de plasma magnétisé issues des étoiles, qui jouent un rôle majeur dans la météo spatiale de notre Système solaire — à l’origine notamment des aurores polaires observées sur Terre. Bien que de tels phénomènes aient depuis longtemps été supposés se produire sur d’autres étoiles, c’est la première fois qu’ils sont observés à travers leur signature radio caractéristique : ici, un éclat bref et intense qui n’a duré qu’une minute.
« Cette éjection de masse est au moins 10 000 fois plus violente que les tempêtes solaires connues », explique Cyril Tasse, astronome à l’Observatoire de Paris - PSL et co-porteur de l’étude. « Le Soleil apparaît presque calme en comparaison, et semble incapable de produire de telles éruptions dévastatrices », ajoute-t-il.
Implications majeures en termes d’habitabilité des exoplanètes
Les naines rouges, dont la masse représente entre 10 et 50 % de celle du Soleil, sont les hôtes les plus fréquents de planètes de masse terrestre. Mais comme leur zone habitable, où l’eau liquide peut exister à la surface d’une planète, est très proche de l’étoile, ces mondes sont probablement exposés à des tempêtes stellaires bien plus intenses que celles que connaît la Terre.
« Il semble que les petites étoiles puissent adopter des comportements beaucoup plus erratiques et violents que le Soleil, avec des tempêtes si puissantes qu’elles seraient susceptibles d’éroder les atmosphères planétaires environnant l’étoile », souligne Cyril Tasse.
Vers une nouvelle ère : la météo spatiale exo-solaire
« Cette première détection radio inaugure une nouvelle ère pour l’étude de la météorologie de l’espace appliquée à d’autres systèmes stellaires », renchérit Philippe Zarka, directeur de recherche CNRS à l’Observatoire de Paris - PSL et contributeur de l’étude. « Ce domaine émergent ouvre des perspectives majeures pour comprendre comment l’activité magnétique des étoiles influence les conditions d’habitabilité des planètes qui les entourent », explique-t-il.
Les futurs grands observatoires, tels que le Square Kilometre Array (SKA), permettront aux astronomes de détecter de nombreuses autres éruptions de ce type et de mieux comprendre leur rôle dans le destin des exoplanètes.
À propos de la recherche
Cette étude a été réalisée dans le cadre du programme LOFAR Two-Metre Sky Survey, piloté conjointement par ASTRON, l’Institut néerlandais de radioastronomie, et l’Observatoire de Paris - PSL, et qui cartographie le ciel boréal, ayant déjà observé environ 86 000 étoiles situées à moins de 100 parsecs de la Terre.
LOFAR est opéré par ASTRON, dans le cadre du consortium européen LOFAR ERIC, soutenu par tous les pays participants à LOFAR. En France, l’infrastructure de recherche LOFAR-NenuFAR est portée par le CNRS/INSU et l’Observatoire de Paris - PSL.
Référence
Ces travaux font l’objet d’un article intitulé “Swept-Frequency Radio Burst from a Stellar Coronal Mass Ejection”, par Callingham, J. R., C. Tasse, R. Keers, R. D. Kavanagh, H. Vedantham, P. Zarka, S. Bellotti, P. I. Cristofari, S. Bloot, D. C. Konijn, M. J. Hardcastle, L. Lamy, E. K. Pass, B. J. S. Pope, H. Reid, H. J. A. Röttgering, T. W. Shimwell, and P. Zucca, publié dans la revue Nature, le 12 novembre 2025.
DOI : 10.1038/s41586-025-09715-3