Illustration par défaut
1er janvier 2010

En général, la surface des petits corps sans atmosphère du système solaire est vieillie par les impacts de micrométéorites, le vent solaire et les rayons cosmiques. Les astéroïdes qui croisent l’orbite de la Terre par contre, nous apparaissent avec une surface rajeunie, différente de ceux de la ceinture principale. Une équipe franco-américaine, dont des chercheurs de l’Observatoire de Paris, émettent l’hypothèse que les ondes sismiques induites par le passage proche de la Terre sont capables de réarranger les roches et ainsi rajeunir la surface de l’astéroïde.

Au sein du système solaire, les surfaces des corps dénués d’atmosphère sont fortement influencées par des facteurs souvent associés au syntagme « météorologie spatiale » [1]. Des preuves scientifiques récentes ont montré que le processus de vieillissement des surfaces dû à la météorologie spatiale a une dynamique très forte (de l’ordre d’un million d’années) par rapport à l’âge du système solaire (environ 4,5 milliards d’années).

Dans le cas des petits corps, on constate une dichotomie entre les astéroïdes qui croisent l’orbite de la Terre et ceux de la ceinture principale. La réponse spectrale des surfaces d’une catégorie d’astéroïdes géocroiseurs (la classe taxonomique Q) montre des minéraux dont les propriétés physiques sont moins altérées par la météorologie spatiale [2]. Des mécanismes tels que le rapprochement avec la Terre, Mars ou Vénus, ou les collisions avec d’autres astéroïdes s’imposent, visant à produire un re-surfaçage d’astéroïdes géocroiseurs. L’équipe franco-américaine s’est penchée sur la question de la proximité entre les géocroiseurs et les planètes telluriques. Les spectres d’un échantillon de cent astéroïdes ont été analysés et les résultats ont été corroborés avec leur dynamique orbitale.

La conclusion de cette recherche est que la Terre peut produire une influence importante pour que le re-surfaçage soit possible, si l’astéroïde passe au moins à une distance de 16 rayons terrestres de la planète. Cette distance correspond a environ un quart de la distance Terre-Lune. Les ondes sismiques induites par le passage proche sont capables de « secouer » la surface de l’objet afin que les roches et les régolites se réorganisent. Cette réorganisation de la surface de l’astéroïde est révélée par les mesures spectrales. Ayant subi une exposition moindre à la météorologie spatiale, les minéraux qui résultent du re-surfaçage vont montrer des spectres qui sont en meilleure concordance avec les spectres de laboratoires des météorites chondrites ordinaires.

En 2029, l’astéroïde 99942 Apophis, dont le diamètre est estimé à environ 270 mètres, passera à proximité de la Terre. Ce passage qui s’effectuera à une distance d’environ 42 000 km sera sans influence pour notre planète. Cependant, au cours de ce passage, l’astéroïde se trouvera à l’intérieur du périmètre-limite théorique évoqué plus haut : il subira ainsi des vibrations suffisamment fortes pour qu’en résulte son re-surfaçage. Les observations spectroscopiques de ce passage proche de 99942 Apophis rendront alors possible, en 2029, la confirmation de ces hypothèses et la validation de ces résultats.


[1Ensemble des facteurs tels que le vent solaire, le rayonnement cosmique, les impacts avec les micrométéoroïdes.

[2Le spectre d’astéroïdes de type Q est le meilleur analogue pour la plupart des météorites qui existent en collections (les météorites chondrites ordinaires).