Si les émissions radios provenant d’astres sont découvertes au début du XXe siècle, c’est l’utilisation du radar pendant la Seconde Guerre Mondiale qui va donner conscience de leur importance. Ce sont d’ailleurs essentiellement des physiciens et des ingénieurs spécialistes des ondes radio qui vont faire les premiers pas dans la radioastronomie.
De la guerre aérienne à l’étude du cosmos
Un certains nombre de grands radars utilisés par l’armée allemande vont être exploités par les premiers radioastronomes européens. Trois radars de type Würzburg seront les premiers grands instruments de cette discipline en France. L’un d’entre eux sera placé à l’observatoire de Meudon et principalement destiné à étudier le Soleil, deux autres seront installés dans un vaste terrain acheté à cet effet dans le Cher, près de la petite commune de Nançay.

Ces deux antennes de 7m50 de diamètre seront adaptées entre 1957 et 1959 avec des montures équatoriales, chacune sur un chariot glissant sur deux voies ferrées en T de plusieurs centaines de mètres. Grâce à une électronique spécialement conçue, les deux antennes se conjuguent pour travailler en interférométrie (dite variable par la mobilité des deux antennes) dans la longueur d’onde de 21 cm, avec une résolution maximale de 17,4 secondes de degré, la distance séparant les deux antennes permettant cette résolution.
Les débuts de l’interférométrie
Le premier ordinateur scientifique installé à Meudon, un IBM 650, est utilisé pour résoudre les nombreux calculs.
De 1959 à 1962, l’équipe de Nançay travaille alors sous l’égide de l’Observatoire de Paris, son directeur André Danjon ayant perçu à juste titre l’importance de cette nouvelle discipline. Elle va dresser l’identité radio de certaines sources discrètes de notre galaxie (dont Sagittarius A) et également extragalactiques (dont Cygnus A et Virgo A).
Dans un climat de compétition internationale très intense, les antennes Würzburg, instruments pionniers, ont ouvert la voie à de nouveaux interféromètres ou d’autres types de radiotélescopes monumentaux.
Les trois radars Würzburg sont toujours visibles. Un est resté sur son site de Nançay mais n’est plus utilisé. Son jumeau a été remis dans son état originel et est maintenant une pièce maitresse du Musée radar de Douvres-la-Délivrande. Celui de Meudon a été transféré à l’observatoire de Bordeaux où il fonctionne toujours dans des buts maintenant pédagogiques.