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La perte d’éclat de Bételgeuse vue par l’instrument Matisse, au VLTI

2 novembre 2023

Obtenues par des scientifiques de l’Observatoire de la Côte d’Azur, à l’aide de l’instrument Matisse au VLTI de l’ESO, de nouvelles images de Bételgeuse paraissent dans une Lettre de la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, le 23 octobre 2023. Elles permettent d’ausculter plus en détail la perte d’éclat subie fin 2019 par l’étoile massive, et décryptée en 2021 par un chercheur de l’Observatoire de Paris - PSL.

Le grand obscurcissement de Bételgeuse, épisode au cours duquel, entre fin 2019 et début 2020, l’étoile supergéante rouge avait manifestement perdu en éclat, avait plongé la communauté scientifique dans la surprise et l’interrogation.

Certains avaient supposé que l’étoile, en fin de vie, était sur le point d’exploser, avant de se transformer en supernova. Il n’en était rien, d’après une étude établie en 2021, pilotée par Miguel Montargès, chercheur à l’Observatoire de Paris - PSL.

Plus récemment, à l’aide de l’instrument infrarouge MATISSE équipant Very Large Telescope Interferometer (VLTI) de l’ESO, une équipe scientifique, dirigée par des astronomes de l’Université Côte d’Azur et impliquant Miguel Montargès, jette sur l’étoile un nouveau regard, en haute résolution. Ici, la taille de Bételgeuse sur le ciel est similaire à celle d’une pièce de 1 euro, vue à 100 km de distance.

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Lire aussi l’information
◾ sur le site de l’ESO [en anglais] :
Image of the Week : "Betelgeuse’s Great Dimming Event in high resolution"
◾ sur le site de l’OCA [en français] :
Actualités du laboratoire Lagrange : "Nous sommes tous des poussières d’étoiles... "

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Le VLTI combine la lumière de plusieurs télescopes pour créer un télescope "virtuel" beaucoup plus grand, capable de discerner de petites structures sur Bételgeuse. Grâce à cela, il permet de scruter en détail le vieillissement et l’évolution de cette étoile massive.

Image of the week sur le site de l’ESO :

L’infrarouge moyen capté par l’instrument MATISSE est sensible aux poussières produites par l’étoile dans sa phase de fin de vie, alors que ces mêmes poussières obscurcissent la lumière visible. Les images de MATISSE montrent une surintensité lumineuse, au moment même de la fameuse perte d’éclat de l’étoile fin 2019 - début 2020.

Bételgeuse
Bételgeuse
Les images du haut montrent sa "surface" ou photosphère. Les images du bas tracent le monoxyde de silicium, une molécule qui peut agir comme une graine, pour former des grains de poussière.
© ESO/J. Drevon et al.



Les molécules détectées correspondent aux précurseurs de la formation de poussières et de briques fondamentales de la vie et permettent de :

  • montrer comment la poussière se forme autour de l’étoile
  • mettre en évidence un changement important de l’atmosphère de l’étoile entre les deux périodes.

L’observateur attentif remarquera qu’aux longueurs d’ondes (ou aux couleurs) auxquelles observe MATISSE, la photosphère de Bételgeuse est devenue plus brillante au cours de la période dite d’assombrissement.

Nous savons maintenant que des poussières ont été produites pendant la forte éruption de fin 2019, ce qui a fait apparaître l’étoile plus sombre en lumière visible, mais… plus brillante pour MATISSE, car les poussières brillent dans la lumière infrarouge. De plus les changements dans la structure de la photosphère et dans la couche de monoxyde de silicium sont cohérents avec la formation d’un point froid à la surface de l’étoile et l’éjection d’un nuage de poussière.