Connu de la communauté scientifique sous l’acronyme RDN (ou NDA en anglais pour Nançay Decameter Array), le réseau décamétrique de Nançay a été construit entre 1975 et 1977 sous l’impulsion d’André Boischot.
Il a été mis en service fin 1977 pour les premières observations, le 1er janvier 1978 étant la date de démarrage officiel de l’exploitation scientifique, soit peu de temps après le lancement de Voyager, en soutien aux observations de la mission spatiale en son temps destinée à l’exploration de Jupiter et des autres planètes géantes.

Le réseau décamétrique est un réseau phasé. De taille modeste, il se compose de 144 antennes, hélicoïdales/coniques, de 9 m de haut et de 5 mètres de diamètre à la base, l’ensemble étant déployé sur une surface d’environ 10 000 mètres carrés.
Le RDN ne fait pas d’image. Sa spécificité est d’observer de manière systématique les émissions radio dans la bande de fréquence 10-100 MHz. A ce titre, il a longtemps compté parmi les grands radiotélescopes très basse fréquence.
Cette sensibilité lui permet d’étudier efficacement les émissions radio de deux objets : celles du Soleil et de Jupiter.
Une base de données unique au monde
L’observation quasi quotidienne depuis quatre décennies du Soleil et de Jupiter a donné naissance pour ces objets à la base d’observations radios basse fréquence la plus longue au monde.
Comme la résolution angulaire du RDN est limitée à plusieurs degrés, ce qui ne lui permet pas de résoudre les radiosources dans l’environnement de ces deux astres, les études sont menées en spectro-polarimétrie dynamique, c’est-à-dire en analysant le contenu spectral et la polarisation des ondes radio reçues au cours du temps.
Durant ses 40 ans d’existence, plusieurs spectrographes et spectro-polarimètres se sont ainsi succédé au RDN :
- les uns de basse résolution temporelle (≥ 1 seconde / spectre) permettant l’accumulation de longues séries d’observations ;
- les autres de haute résolution temporelle (jusqu’à ≤1 msec /spectre, ou mesurant même la forme d’onde brute reçue) permettant l’étude des structures temps-fréquence très fines de l’émission.
Depuis 1990, les données sont acquises sous forme numérique.
La mise en service du spectrographe le plus récent date de 2016. Baptisé JunoN (pour Juno-Nançay), il a été développé en soutien aux observations de la mission spatiale Juno en orbite autour de Jupiter depuis 2016.
Il permet d’observer jusqu’à une résolution de 2.6 ms × 3.05 kHz, de mesurer la polarisation complète des ondes reçues et de capturer la forme d’onde du signal.
S’intégrant comme l’un des "supports sol" important de la mission spatiale Juno, l’instrument jouera aussi ce rôle pour les prochaines missions d’étude du Soleil : Solar Orbiter et Solar Probe +.
