Ce système est probablement le plus peuplé des systèmes planétaires extrasolaires connus à ce jour. "Nous entrons maintenant dans une nouvelle ère dans la recherche d’exoplanètes : l’étude des systèmes planétaires complexes et pas seulement de planètes individuelles. Les études des mouvements planétaires dans ces nouveaux systèmes présentent des interactions gravitationnelles complexes entre les planètes et nous donnent un aperçu de l’évolution à long terme du système », explique Christophe Lovis, de l’Observatoire de Genève, auteur principal de l’article présentant ces résultats. L’équipe d’astronomes a utilisé le spectrographe HARPS, au foyer du télescope de 3,6 m de l’ESO à La Silla, au Chili, pour une étude de six ans de l’étoile de type solaire HD 10180, située à 127 années-lumière dans la constellation australe de l’Hydre. Grâce aux 190 mesures individuelles HARPS, les astronomes ont détecté la faible oscillation de l’étoile provoquée par les planètes.

Les conclusions sont présentées aujourd’hui (24 août) à la conférence internationale "Detection and dynamics of transiting exoplanets", à l’Observatoire de Haute-Provence, France. Les données recueillies ont montré que l’étoile HD10180 a cinq planètes de type Neptune, avec des masses allant de 13 à 25 fois la masse terrestre et des périodes orbitales entre 6 et 600 jours. Elles donnent aussi des indications de la présence de deux planètes supplémentaires. La première est semblable à Saturne avec une masse de 65 fois la masse terrestre et une période de 2200 jours. L’autre serait la planète de masse la plus faible jamais encore trouvée, avec seulement 1,4 fois la masse de la Terre orbitant autour de son étoile à une distance de 3,3 millions de kilomètres en seulement 28,3 heures. Le système nouvellement découvert de planètes autour de HD 10180 est unique à plusieurs égards. Tout d’abord, avec au moins cinq planètes de type Neptune, se trouvant dans une distance équivalente à l’orbite de Mars, ce système est plus peuplé que notre système Solaire dans sa région intérieure. En outre, le système n’a probablement pas de géante gazeuse comme Jupiter. Jusqu’ici, les astronomes connaissaient seulement 15 systèmes avec au moins trois planètes, le dernier détenteur du record étant 55 Cancri qui contient cinq planètes, deux d’entre elles étant des planètes géantes. En utilisant ces nouvelles observations ainsi que des données d’autres systèmes planétaires, les astronomes montrent l’existence d’un équivalent de la loi de "Titius-Bode" qui existe dans notre système Solaire et qui propose que l’espacement des planètes suit un schéma régulier.

Figure 2 : Dans un modèle purement Newtonien, l’excentricité de la planète intérieure augmente à des valeurs très élevées (en rouge) donnant lieu à des instabilités, tandis qu’elle reste faible si la relativité générale est prise en compte (en vert). Crédit : J. Laskar Cliquer sur l’image pour l’agrandir L’équipe se compose de C. Lovis, D. Ségransan, M. Mayor, S. Udry, F. Pepe, and D. Queloz (Observatoire de Genève, Université de Genève, Switzerland), W. Benz (Universität Bern, Switzerland), F. Bouchy (Institut d’Astrophysique de Paris, France), C. Mordasini (Max-Planck-Institut für Astronomie, Heidelberg, Germany), N. C. Santos (Universidade do Porto, Portugal), J. Laskar (Observatoire de Paris, France), A. Correia (Universidade de Aveiro, Portugal), and J.-L. Bertaux (Université Versailles Saint-Quentin, France) and G. Lo Curto (ESO). ESO press release The HARPS search for southern extra-solar planets. XXV. Up to seven planets orbiting HD 10180 : probing the architecture of low-mass planetary systems C. Lovis, D. Ségransan, M. Mayor, S. Udry, W. Benz, J.-L. Bertaux, F. Bouchy, A. C. M. Correia, J. Laskar, G. Lo Curto, C. Mordasini, F. Pepe, D. Queloz, and N. C. Santos soumis pour publication Contact Jacques Laskar (Observatoire de Paris, IMCCE, et CNRS)