
« Ce fut une vraie surprise de trouver un compagnon de cette masse si près de son étoile hôte ", explique le Dr Magali Deleuil du Laboratoired’Astrophysique de Marseille (LAM), qui a dirigé l’équipe pour cette découverte. Elle ajoute : "CoRoT-Exo-3b est un objet unique, d’où le débat en cours sur sa nature". A l’issue de près de 15 années d’intenses recherches de compagnons proches présentant des période orbitale de moins de 10 jours, les astronomes avaient trouvé de nombreuses planètes avec des masses de moins de 12 fois la masses de Jupiter. Ils ont également trouvé des étoiles de masse aussi faibles que 70 masses de Jupiter, mais rien entre ces deux valeurs, pour une si courte période orbitale. Certains ont commencé à penser que ces objets n’existaient pas. Avec 20 masses de Jupiter CoRoT-Exo-3b ouvre le débat sur la question de son classement comme planète ou comme naine brune.
Le Dr. Hans Deeg de l’Instituto de Astrofisica de Canarias (IAC), un membre de l¹équipe responsable de la découverte, explique pourquoi ce nouvel objet a une telle importance pour les chasseurs de planètes : "Il pourrait tout aussi bien être une naine brune de très faible masse, une « étoile ratée »qui n’a jamais été assez massive et assez chaude pour se mettre à briller comme une étoile normale. Il n’y a pas de consensus clair entre les scientifiques pour tracer la frontière exacte entre les planètes et naines brunes. Aucun objet n¹avait été jusqu¹ici trouvé qui soit tellement proche de cette frontière ". Le Dr. Deleuil souligne « en tant que planète, CoRoT-Exo-3b serait la plus massive et la plus dense trouvée à ce jour - plus de deux fois plus dense que le plomb. Comment peut se former un tel compagnon proche, est une question ouverte". « Bien sûr, il pourrait s’agir d’un objet rare que CoRoT a trouvé par pure chance ", commente le Dr Francois Bouchy de l’Institut d’Astrophysique de Paris (IAP), un autre membre de l¹équipe, "mais il peut également être le premier membre d’une nouvelle famille de planètes très massives qui se forment autour des étoiles plus massives que le Soleil. Une tendance semble ainsi émerger : plus massive est l’étoile et plus massive serait la planète. "
Cette découverte a été confortée par les observations au sol au moyen d’un réseau de télescopes exploités par différents instituts de différents pays : le télescope de 193 de l’Observatoire de Haute Provence (France), le Southern Observatory (télescopes de Paranal et à La Silla au Chili), l’Observatoire de Thuringe à Tautenburg (Allemagne), le Télescope Canada-France-Hawaii sur le Mauna Kea (Hawaii), ainsi qu¹une série de télescopes de la classe 1 m : le télescope Euler suisse à La Silla (Chili), l’Observatoire WISE (Israël), celui de l’Agence spatiale européenne sur le Mont Teide (Tenerife) et le télescope de 80cm de l¹Institut d’Astrophysique des îles Canaries. L¹équipe de l¹Observatoire de Paris était quant à elle responsable des observations d¹imagerie à très bonne résolution angulaire menées avec l¹instrument Megacam sur le télescope Canada-France-Hawaii. Voir aussi le Communiqué de presse de l’INSU