Ce bloc crustal s’étend sur une région vaste, équivalent à une fois et demi l’Europe. Ses propriétés géophysiques et géochimiques évoquent celles de la croûte continentale terrestre et suggèrent la possibilité d’un continent caché sous la surface de Mars. Ces travaux sont publiés le 6 janvier 2020 dans la revue Nature Géoscience.
L’équipe de géomorphologues, géophysiciens et géochimistes a appliqué une technique permettant de découvrir pour la première fois la structure de la croûte de Mars avant la formation des principaux bassins d’impact (Hellas, Argyre, Isidis et Utopia) et provinces volcaniques (Tharsis et Elysium).
Les données sont issues principalement de cartes topographiques et d’épaissseur crustale de Mars réalisées à partir des mesures du champ de gravité de ladite planète.
En enlevant l’effet des bassins d’impact et des édifices volcaniques sur la croûte, la carte d’épaisseur crustale révèle un bloc aux propriétés singulières dans la zone de Terra Cimmeria-Sirenum (Fig. 1b). L’épaisseur de croûte dans cette région dépasse la cinquantaine de kilomètres et on y trouve les plus fortes anomalies magnétiques (Fig. 1c) et des anomalies géochimiques (Fig. 1d et e).
Sur Terre, de telles anomalies magnétiques sont observées au niveau des cratons continentaux, zone d’accrétion de microcontinents. Terra Cimmeria-Sirenum est également la seule zone de l’hémisphère sud où on observe en surface un enrichissement en potassium (K) et thorium (Th). Tout ceci suggère la présence d’une croûte continentale et celle de roches similaires à celles observées par la mission Curiosity dans le cratère Gale situé au bord nord du bloc crustal décrit dans cette publication.
L’existence même de ce bloc crustal remet donc en cause les deux familles d’hypothèses concernant l’origine des hautes terres au sud et des plaines plus basses de l’hémisphère nord, couramment appelée dichotomie martienne. Elle indique en effet que ces terrains n’ont pas une origine unique et relance le débat sur les mécanismes de croissance crustale et d’une possible tectonique lors des 500 premiers millions d’années de l’histoire de Mars.
Source
“A thick crustal block revealed by reconstructions of early Mars highlands”, Nature Géoscience, 06/01/2020
Auteurs
Sylvain Bouley1,2, James Tuttle Keane3, David Baratoux4, Benoit Langlais5, Isamu Matsuyama6, Francois Costard1, Roger Hewins7, Valerie Payré8, Violaine Sautter7, Antoine Séjourné1, Olivier Vanderhaeghe4, Brigitte Zanda2, 7
1 GEOPS – Géosciences Université Paris Saclay, CNRS, GEOPS, Rue du Belvédère, Bât. 504-509, 91405, Orsay, France.
2 IMCCE – Observatoire de Paris, CNRS-UMR 8028, 77 Avenue Denfert-Rochereau – 75014, Paris
3 California Institute of Technology, M/C 150-21, Pasadena, CA 91107, USA.
4 Geosciences Environnement Toulouse, UMR 5563 CNRS, IRD & Université de Toulouse, 14 Avenue Edouard Belin, 31400, Toulouse, France.
5 Laboratoire de Planétologie et Géodynamique, CNRS UMR 6112, Université de Nantes, Université d’Angers, 44322 Nantes cedex 3, France
6 Lunar and Planetary Laboratory, University of Arizona, Tucson, Arizona 85721, U.S.A.
7 Institut de Minéralogie, de Physique des Matériaux, et de Cosmochimie (IMPMC) - Sorbonne Université- Muséum National d’Histoire Naturelle, Sorbonne Université, UMR CNRS 7590, 61 rue Buffon, 75005 Paris, France.
8 Department of Earth, Environmental and Planetary Sciences, Rice University, 6100 Main Street, MS 126, Houston, TX 77005, United States
Dernière modification le 12 janvier 2022