La plupart des étoiles et des galaxies que nous voyons aujourd’hui se sont formées lorsque l’univers était encore très jeune. Les cosmologistes utilisent cette contrainte d’observation pour modéliser l’évolution des galaxies avec deux ingrédients clés : le flux de gaz froid dans les halos de matière noire et les violentes éjections de gaz chaud pour modérer la formation des étoiles. A ce jour, les flux de gaz froid n’ont jamais été détectés et la physique des éjections de gaz reste mystérieuse.
Avec ALMA, Edith Falgarone et ses collaborateurs ont découvert des raies de CH+ dans toutes les galaxies à flambées de formation d’étoiles, et amplifiées par des lentilles gravitationnelles, à cette époque critique. CH+ est une molécule spéciale : elle a besoin de beaucoup d’énergie pour se former et est très réactive. Sa durée de vie est donc très courte et met en évidence l’emplacement de la dissipation d’énergie par ondes de choc.
Avec CH+, les auteurs ont appris que, au lieu d’être perdue par rayonnement, l’énergie est stockée dans les mouvements turbulents des vents galactiques rapides et des grands réservoirs de gaz froid précédemment invisibles. En produisant la turbulence dans ces réservoirs, les vents galactiques permettent à la matière sortante d’être partiellement re-capturée par les galaxies, prolongeant la phase de formation d’étoiles au lieu de la stopper. Ils ont appris également que ces réservoirs de gaz, consumés par la formation d’étoiles, doivent être réapprovisionnés éventuellement par les flux de gaz froids longtemps recherchés. Ces résultats défient la théorie de l’évolution des galaxies, dans laquelle le feedback négatif de la formation stellaire joue un rôle essentiel pour stopper la formation d’étoiles.
Voir aussi ESO press release.
Référence
- Falgarone, E., Zwaan, M. A., Godard, B., Bergin, E., Ivison, R. J., Andreani, P. M., Bournaud, F., Bussmann, R. S., Elbaz, D., Omont, A., Oteo, I., Walter, F.., 2017, Nature, 24 August, 548, 431
Dernière modification le 21 décembre 2021