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CTA : le prototype américain, de même technologie que le meudonnais

5 février 2019

Le jeudi 17 janvier 2019, des scientifiques de l’Observatoire de Paris ont participé au Fred Lawrence Whipple Observatory (Arizona) à l’inauguration d’un prototype de télescope de type « Schwarzschild-Couder » pour le futur projet international Cherenkov Telescope Array - CTA.

Membres du consortium du futur réseau international CTA (Cherenkov Telescope Array), deux scientifiques de l’Observatoire de Paris ont été invitées, en Arizona, à l’inauguration d’un nouveau prototype américain.

Inauguration le 17 janvier 2019 au Fred Lawrence Whipple Observatory (Arizona) d’un 3e télescope prototype Schwarzschild-Couder pour le projet CTA.
© Consortium CTA

A l’instar du prototype français de petite taille développé sur le site meudonnais de l’Observatoire de Paris, ce nouveau modèle américain a été réalisé avec la technologie « Schwarzschild-Couder » à deux miroirs ; la différence est qu’il est de taille intermédiaire.

Dédié à l’étude des rayonnements gamma de l’Univers, CTA est l’un des plus ambitieux projets de télescope au sol du XXIe siècle.

Ce futur observatoire vise à terme à déployer une flotte de 118 télescopes à la surface planétaire. Conçus avec trois tailles différentes : petite, moyenne, grande, ceux-ci seront répartis en deux réseaux : l’un implanté dans l’hémisphère nord, l’autre dans l’hémisphère sud.

Pour l’heure, plusieurs types de technologies sont éprouvées et s’incarnent à travers le développement de prototypes.

Le télescope S-C américain au soleil couchant récemment inauguré.
© Consortium CTA

Les atouts d’une technologie « Schwarzschild-Couder » à deux miroirs

Le concept à deux miroirs a été proposé au siècle dernier par Karl Schwarzschild (1873-1916), puis optimisé par André Couder (1897-1979) alors astronome opticien à l’Observatoire de Paris.

Avant l’avènement du projet CTA, la technologie « Schwarzschild-Couder » des deux miroirs n’avait jamais été mise en œuvre en astronomie. Et ce, pour différentes raisons, dont les difficultés techniques liées à la fabrication des miroirs asphériques et non-coniques. Elle est pourtant supposée permettre d’atteindre des performances proches des limites théoriques accessibles en astronomie « gamma ».

L’option de cette technologie pour le système optique des télescopes CTA a retenu l’attention des astronomes car elle permet d’améliorer significativement la qualité des images obtenues sur un grand champ de vue, par rapport aux télescopes à miroir unique utilisés jusqu’ici en astronomie gamma au sol.

En effet, le miroir secondaire corrige des aberrations et réduit l’échelle de la surface sensible du plan focal. Autre avantage : il permet aussi l’utilisation de nouveaux photomultiplicateurs au silicium (SiPM), bien adaptés et nettement moins coûteux que les tubes photomultiplicateurs traditionnels.

Avec l’inauguration de ce nouveau prototype aux Etats-Unis, le nombre de télescopes de type Schwarzschild-Couder installés dans le monde dans la perspective de CTA est désormais porté à trois : en comptant le prototype français inauguré à Meudon en 2015 et aussi, un prototype italien de 4 m développé sur les pentes de l’Etna.

Le prototype français de petite taille
Miroir primaire de 4 mètres de diamètre à 6 segments opérationnel depuis fin 2015 à l’Observatoire de Paris, sur son site meudonnais. Les télescopes de petite taille couvriront le domaine des rayons gamma extrêmes de quelques TeV à 300 TeV (1 TeV = mille milliards d’électron-Volts).
© Consortium CTA
Le prototype américain de taille intermédiaire
Miroir primaire de 9.7 mètres de diamètre, constitué de 48 segments) inauguré en janvier 2019. Les télescopes de taille intermédiaire visent à couvrir le domaine d’énergie de 0.08 TeV à 50 TeV.
© Consortium CTA

Le projet CTA dans sa globalité

La construction de l’infrastructure dans l’hémisphère sud au Chili débutera courant 2019, à la suite de la signature officielle des contrats intervenue fin décembre 2018.
Cette portion australe du réseau comportera 99 télescopes, sur les 118 au total :

  • 4 télescopes de grande taille (23 m de diamètre),
  • 25 de tailles intermédiaires (9 à 12 m de diamètre),
  • 70 de petite taille (4 m de diamètre),
Vue d’artiste des 99 télescopes, de trois tailles, implantés dans l’hémisphère Sud.
© Gabriel Pérez Diaz, IAC / Marc-André Besel, CTAO

Le reste, implanté dans l’hémisphère nord, en Espagne aux Iles Canaries, sur le site de La Palma, comprendra 19 télescopes :

  • 4 télescopes de grande taille
  • 15 télescopes de taille intermédiaire.

Déjà un tout premier télescope de grande taille a été officiellement sélectionné pour CTA dans l’hémisphère nord et assemblé aux Canaries en 2018.

31 pays contribuent à CTA, avec plus de 200 instituts de par le monde.