La formation des petits corps du Système solaire, tels que les astéroïdes, demeure mystérieuse.
À ce jour, les simulations numériques montrent que le lieu le plus propice à une formation rapide des petits corps est la "ligne de glaces", c’est-à-dire le lieu du disque où la vapeur d’eau se condense sous forme de glace, à une température d’environ 160 K (environ -110° C).
Mais ce résultat est en conflit avec l’analyse des météorites de fer, issues des noyaux des premiers petits corps du Système solaire. Ces météorites se partagent en deux groupes ayant des propriétés isotopiques et chimiques différentes.
Deux anneaux distincts
Une équipe, comprenant de chercheurs de l’Observatoire de la Côte d’Azur, de l’Observatoire de Paris - PSL et de l’Institut de Physique du Globe de Paris, a montré, pour la première fois, que les premiers petits corps du Système solaire auraient pu se former dans deux anneaux distincts :
- L’un près de la ligne de condensation des silicates, à proximité de l’orbite actuelle de la Terre ;
- L’autre près de la ligne de glaces, à proximité de l’orbite actuelle de Jupiter.
Le premier anneau de petits corps, de nature rocheuse et avec une masse totale de 2-3 fois la masse de la Terre, aurait ensuite permis la formation des planètes telluriques.
Le deuxième anneau, composé de corps riches en glaces avec une masse totale d’une trentaine de masses terrestres, aurait conduit à la formation des noyaux des planètes géantes.
La formation contemporaine de ces deux anneaux de petits corps de caractéristiques chimiques différentes est en très bon accord avec les contraintes observationnelles fournies par les météorites de fer.
Cela montre également que le processus de formation planétaire a démarré très tôt dans la nébuleuse solaire, en même temps que la formation du Soleil, alors que notre Système Solaire était encore alimenté en matériaux par le milieu interstellaire.
Référence
- Ces travaux font l’objet d’un article qui a été publié le 22 décembre 2021 dans une Lettre de Nature astronomy sous le titre : Contemporary formation of early Solar System planetesimals at two distinct radial locations – Nature astronomy par A. Morbidelli, K. Baillié, K. Batygin, S. Charnoz, T. Guillot, D. C. Rubie, T. Kleine
DOI : https://doi.org/10.1038/s41550-021-01517-7
Dernière modification le 28 février 2022