Depuis la publication de son deuxième catalogue, la mission Gaia de l’ESA ne cesse de faire de nouvelles découvertes.
Une des plus marquantes concerne l’existence de structures particulières dans l’espace des phases, c’est-à-dire dans l’espace qui combine positions et vitesses des étoiles pour décrire leur mouvement. Si on trace la distance au plan galactique des étoiles au voisinage solaire en fonction de leur vitesse dans la même direction, leur distribution dessine une structure spirale. Cela a été jusqu’à présent interprété comme dû à un état de non-équilibre de notre Galaxie, possiblement provoqué par le dernier passage à travers le disque de la galaxie du Sagittaire, le satellite actuellement le plus proche de la Voie Lactée. Le mouvement actuel des étoiles garderait la mémoire de cette perturbation récente.
Dans un travail publié dans A&A Letters, des chercheurs de l’Observatoire de Paris et du MPE, Garching, ont proposé un scénario différent pour expliquer l’origine de ces structures. Elles constitueraient la trace fossile de la phase de formation de la barre Galactique, quand celle-ci a acquis sa structure caractéristique en forme de cacahouète observée aujourd’hui. Les mouvements radiaux et verticaux engendrés par sa formation se seraient propagés pendant des milliards d’années dans le disque (voir Fig 1) et seraient mesurables aujourd’hui grâce à Gaia (voir Fig 2). Pour montrer cela, cette équipe a réalisé une des simulations à plus haute résolution jamais réalisée de la Galaxie, en modélisant l’évolution de plus de 100 millions de particules dans le disque, pendant plusieurs milliards d’années. Ce travail ouvre nombre de questions et perspectives : est-il possible d’utiliser ces spirales pour dater l’époque de formation de la barre, qui reste encore inconnue dans notre Galaxie ? Et comment démêler les signatures laissées par la formation de la barre de celles induites par le passage de la galaxie du Sagittaire ? Des questions sur lesquelles cette équipe compte travailler dans les mois qui viennent.
Référence
- Khoperskov, Di Matteo, Gerhard, Katz, Haywood, Combes, Berczik, Gomez, 2019, A&A, 622, L6
Scientific contact
- Sergey Khoperskov
- Paola Di Matteo
Observatoire de Paris - GEPI, CNRS
Dernière modification le 21 décembre 2021