Les chondrites ordinaires (OCs) sont de loin les plus nombreuses parmi les météorites découvertes et représentent 80% des chutes. On s’attendrait à ce que la majorité des météorites ressemble à la plupart des géocroiseurs étudiés via des observations télescopiques. Les analogues astéroïdaux des chondrites ordinaires sont les astéroïdes dits de type S et de type Q.
Ces astéroïdes ont ainsi été observés dans l’infrarouge proche avec l’IRTF (télescope de la NASA situé au Mauna Kea) et l’instrument SpeX au cours d’un programme d’observation conjoint entre l’IRTF, l’Université d’Hawaii et le MIT. Ces données infrarouge sont venues compléter des données visible obtenues lors d’un précédent survey de 2000 astéroïdes. Un modèle de transfert radiatif a permis de contraindre les abondances des minéraux principaux (olivine, pyroxène) dont sont majoritairement constitués les OCs et les NEAs de types S et Q (Fig 1).
Il apparaît que les météorites (OCs) et les NEAs (types S et Q) n’ont pas la même distribution compositionnelle (voir le rapport oliv/(oliv+opx) dans la Fig. 1). En particulier, la plupart des NEAs ( 2/3) ont une composition semblable aux météorites LL mais ces météorites ne représentent que 8% des chutes (10% des OCs) ! Ceci implique que les NEAs que nous observons télescopiquement (taille comprise entre 300 m et 10 km) ne sont pas les corps parents directs des météorites (taille comprise entre qq. cm et qq. m) ; météorites et NEAs proviennent donc directement de la ceinture principale mais de régions différentes au sein de cette dernière. Il est intéressant de noter que la composition de la plupart des NEAs est compatible avec celle de la famille de Flora (cette famille se situe dans la ceinture interne ou elle représente 15 à 20% de tous les astéroïdes) ; des simulations effectuées par des dynamiciens avaient prédit que cette région devait être la source de la majeur partie des NEAs. Sur ce point, théorie et observations concordent ; néanmoins il avait également été prédit que la plupart des météorites devraient être issues de cette famille or l’étude présente montre que cela ne peut être le cas. Il est suggéré que l’effet Yarkovsky (2) pourrait bien être à l’origine de ce surprenant paradoxe (Fig 2. explique l’idée).
Notes (1) La résonance séculaire nu-6 est une résonance qui agit lorsque les taux de précession des longitudes de périhélie des astéroïdes correspondent à ceux de Saturne. Cette résonance marque le bord interne de l’Anneau N°1 (anneau principal). Cette résonance nu-6 et celle 3:1 seraient les plus prolifiques en nouveaux NEAs. (2) L’effet Yarkovsky (poussée thermique des surfaces astéroidales chauffées au Soleil ) déplace les petits objets (par exemple, de 0.04 UA en 100 millions d’années pour ceux de 1 km de diamètre dans la zone des Flora ) et contribue à vider le Système Solaire de ses petits astéroïdes qui, entrant dans une zone de résonance, finissent par percuter le Soleil ou une planète, ou sont éjectés du Système Solaire. Avec l’effet Yarkovsky, le passage près d’un des gros astéroïdes de l’Anneau peut faire varier l’orbite des petits astéroïdes (0.00075 UA dans le cas de Ceres). Notes extraites des pages de Gérard Faure.
Référence
- Compositional differences between meteorites and near-Earth asteroids, Nature 454, 2008. P. Vernazza, R P. Binzel, C. A. Thomas, F. E. DeMeo, S. J. Bus, A.S. Rivkin, A. T. Tokunaga
Contact
- Pierre Vernazza
Docteur de l’Observatoire de Paris en postdoc à l’ESA - Francesca Demeo
Observatoire de Paris, LESIA
Dernière modification le 21 décembre 2021